Une première Rome bloque l'exportation de vaccins AstraZeneca, une première

4.3.2021

L'Italie a bloqué l'exportation vers l'Australie de doses du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca produites sur le sol européen. Il s'agit de la première application d'un mécanisme de contrôle mis en place par Bruxelles, a-t-on appris jeudi de source européenne.

L'Italie a bloqué l'exportation vers l'Australie de doses du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca produites sur le sol européen.
L'Italie a bloqué l'exportation vers l'Australie de doses du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca produites sur le sol européen.
Keystone

Rome a fait part de sa décision à la Commission européenne, qui n'a émis aucune objection. Selon le quotidien La Repubblica, la décision porterait sur 250'000 doses du laboratoire suédo-britannique.

AstraZeneca a été vivement critiqué par les gouvernements européens après avoir annoncé en janvier ne pouvoir livrer au premier trimestre qu'un tiers des 120 millions de doses qu'il avait initialement promises aux Vingt-Sept, en raison de difficultés manufacturières sur une usine belge.

L'argument n'avait pas convaincu Bruxelles, qui rappelait que trois autres usines étaient mentionnées dans le contrat signé avec l'UE.

Bien que se défendant de viser spécifiquement AstraZeneca, la Commission européenne impose depuis fin janvier des garde-fous aux exportations de vaccins anti-Covid produits dans l'UE, afin de garder le contrôle des doses qui sont destinées aux Vingt-Sept.

Douanes nationales

C'est la première fois qu'un Etat membre bloque une exportation via ce mécanisme, a indiqué à l'AFP la source européenne. Le dispositif prévoit que les Etats exercent eux mêmes ce contrôle via leurs douanes nationales, en examinant les demandes d'autorisation d'exportation soumises par les laboratoires, avant de solliciter l'aval de la Commission.

"L'autorité compétente italienne a reçu une demande d'AstraZeneca pour l'autorisation d'exporter des vaccins (...) et envoyé sa proposition de décision (de refus) à la Commission", a expliqué à l'AFP une autre source européenne.

L'exécutif européen "a le dernier mot puisque l'État membre est tenu de se prononcer sur la demande d'autorisation 'conformément à l'avis de la Commission'", souligne-t-elle.

De même source, la Commission "tient à jour un tableau des demandes d'exportation de vaccins anti-Covid et des engagements correspondants" des laboratoires dans le cadre des accords de précommandes passés par l'UE, et c'est sur cette base qu'elle a approuvé la décision italienne.

AstraZeneca, qui fabrique son vaccin anti-Covid dans des sites en Belgique et aux Pays-Bas, dispose en Italie d'une usine d'embouteillage et de conditionnement.

Lenteur critiquée

Interrogé par l'AFP, le cabinet du Premier ministre Mario Draghi s'est refusé à tout commentaire.

Comme dans nombre d'Etats membres, des voix se sont élevées en Italie pour critiquer la lenteur de la campagne de vaccination, lancée en fanfare fin décembre mais qui s'est vite heurtée au retard dans les livraisons.

A ce stade, 1,51 million d'Italiens ont été vaccinés, essentiellement les membres du personnel sanitaire et les personnes âgées, et 4,84 millions de doses ont été administrées, pour une population totale de quelque 60 millions.

De son côté, l'Australie avait approuvé mi-février le vaccin d'AstraZeneca et devait commencer à l'utiliser cette semaine, avec de premières injections vendredi.