Blessé par balle Robert Fico, un ex-communiste ayant un penchant pour Poutine

ATS

15.5.2024 - 18:08

Le Premier ministre slovaque Robert Fico, qui a été blessé mercredi de plusieurs balles, a mis fin à l'aide militaire à l'Ukraine et plaidé en faveur de pourparlers de paix avec la Russie depuis son retour au pouvoir l'année dernière.

Robert Fico admirerait l'autoritarisme du président russe Vladimir Poutine.
Robert Fico admirerait l'autoritarisme du président russe Vladimir Poutine.
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La Slovaquie, membre de l'Union européenne et de l'Otan, avait auparavant fourni une assistance substantielle aux Ukrainiens en matière de défense. Et ce, dès le début de l'invasion russe en février 2022.

Avant de retrouver en octobre ses fonctions de chef du gouvernement slovaque, cet homme aujourd'hui âgé de 59 ans avait promis que son pays n'enverrait plus «une seule balle» à l'Ukraine.

Il avait à cet égard assuré que la guerre y avait «commencé en 2014» lorsque des «fascistes ukrainiens» avaient tué «des civils de nationalité russe», reprenant à son compte des allégations non prouvées de la Russie.

En janvier, il avait affirmé que l'Ukraine n'était «pas un pays indépendant et souverain» mais était «entièrement sous l'influence et le contrôle des Etats-Unis».

Toutefois, il s'était montré plus conciliant en avril lorsqu'il avait appelé à une solution pacifique qui respecte l'"intégrité territoriale et la souveraineté» ukrainiennes. «Le recours à la force militaire par la Russie en Ukraine est une grossière violation du droit international», avait-il aussi alors martelé.

Un ancien communiste

Né le 15 septembre 1964, Robert Fico a entamé sa carrière politique au sein du Parti communiste juste avant que la «Révolution de velours» de 1989 ne balaie le régime de l'ancienne Tchécoslovaquie.

En 1999, il a quitté le Parti de la gauche démocratique (SDL), l'héritier politique du PC, pour fonder le Smer-Social-Démocrate (Smer-SD).

Selon le sociologue slovaque Michal Vasecka, Robert Fico admire l'autoritarisme du président russe Vladimir Poutine.

«Ses relations avec la Russie sont historiquement déterminées par la devise socialiste +Avec l'Union soviétique pour l'éternité+», ajoute M. Vasecka dans un livre qu'il lui a consacré.

Robert Fico a aussi affirmé qu'il n'autoriserait pas l'arrestation de Vladimir Poutine, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, s'il se rendait un jour en Slovaquie.

Liens avec l'extrême droite

Avocat de profession, parlant couramment l'anglais, il s'est forgé une réputation européenne en tant que représentant de la Slovaquie auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg de 1994 à 2000.

En 2006, le Smer-SD s'est largement imposé aux législatives, catapultant Robert Fico à la tête du gouvernement, deux ans après l'adhésion de la Slovaquie à l'UE.

Il a alors monté une coalition avec le Parti national slovaque (SNS) d'extrême droite, qui partage sa rhétorique contre les réfugiés et ses penchants populistes, puis a tiré parti de la crise financière mondiale de 2008 et 2009 pour renforcer sa popularité en refusant d'imposer des mesures d'austérité.

Renvoyé dans l'opposition en 2010, il a remporté les élections deux ans plus tard après la chute d'une coalition de centre droit, sur fond d'allégations de corruption.

Mafia italienne

Cet amateur de voitures de course a subi une déconvenue en 2014 lorsque ses ambitions présidentielles se sont heurtées à la victoire d'un novice en politique, le philanthrope Andrej Kiska.

Pendant la crise migratoire en Europe en 2015, Robert Fico a opté pour des prises de position fermes à l'égard des migrants, refusant de «donner naissance à une communauté musulmane distincte en Slovaquie» et critiquant le programme européen de quotas visant à redistribuer les réfugiés.

Le Smer-SD a remporté les élections de 2016 mais ses fonctions de Premier ministre ont pris fin deux ans plus tard, après le meurtre du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée.

Ce crime a déclenché une vague d'actions de protestation dans toute la Slovaquie, Jan Kuciak ayant dénoncé les liens entre la mafia italienne et le gouvernement Fico dans son dernier article paru à titre posthume.

Une coalition anticorruption avait pris le pouvoir à l'issue des législatives de 2020, au cours desquelles M. Fico avait réussi à préserver son siège au Parlement.