Otan Ankara lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande

ATS

28.6.2022 - 23:12

Obstacle depuis la mi-mai à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan, la Turquie a fini par lever son veto mardi soir. Les pays de l'Otan vont donc pouvoir «inviter» officiellement mercredi ces deux pays nordiques à rejoindre l'Alliance.

Un accord a été trouvé avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour permettre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan.
Un accord a été trouvé avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour permettre l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan.
ATS

28.6.2022 - 23:12

«Je suis ravi d'annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan» et qui répond «aux inquiétudes de la Turquie sur les exportations d'armes et sur la lutte contre le terrorisme», a déclaré le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg devant la presse.

L'entrée formelle des deux pays, qui doit être ratifiée par les parlements des 30 Etats membres de l'Alliance, est un long processus qui prend des mois.

Plusieurs heures de discussions

Après plusieurs salves de négociations ces dernières semaines, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'était réuni plusieurs heures à Madrid avec son homologue finlandais Sauli Niinistö et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson. Avant la signature formelle d'un accord dont M. Stoltenberg a ensuite rendu compte devant la presse.

Ankara bloquait l'adhésion de la Suède et de la Finlande, les accusant d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'elle considère comme «terroriste». Elle dénonçait aussi la présence dans ces pays de partisans du prédicateur Fethullah Gülen, soupçonné d'avoir orchestré une tentative de coup d'Etat en Turquie en juillet 2016.

La Turquie exigeait par ailleurs la levée des blocages d'exportations d'armes décidés à son encontre par Stockholm après l'intervention militaire turque dans le nord de la Syrie en octobre 2019.

Ankara a eu «ce qu'elle voulait»

Selon M. Stoltenberg, dans le cadre de cet accord, les deux pays nordiques se sont engagés à «renforcer leur coopération» en matière de lutte contre le terrorisme avec Ankara et à s'entendre sur des «extraditions» de membres d'organisations kurdes que la Turquie considère comme «terroristes».

«La Turquie a obtenu ce qu'elle voulait», c'est-à-dire la «pleine coopération» des pays nordiques contre le PKK et ses alliés, a déclaré la présidence turque dans son communiqué.

Dans un entretien avec l'AFP, Magdalena Andersson a salué une «étape très importante pour l'Otan» car les deux pays nordiques, qui ont décidé d'abandonner leur neutralité depuis l'invasion russe de l'Ukraine, «seront pourvoyeurs de sécurité au sein» de l'Alliance.

«Pas de concessions» américaines

Ce feu vert d'Ankara à l'entrée des deux pays nordiques a été immédiatement salué par un haut responsable de la Maison Blanche, selon lequel il donne un «élan puissant» à l'unité occidentale en cette période troublée par la guerre en Ukraine.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé pour sa part que l'adhésion des deux pays nordiques allait rendre l'Alliance «plus forte et plus sûre».

Washington a affirmé que la Turquie n'a pas fait «de demande particulière de concessions aux Américains» pour lever son opposition à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan.

Rencontre Biden-Erdogan

M. Erdogan doit rencontrer mercredi Joe Biden en marge du sommet. Avant de partir pour Madrid, il avait souligné que le «sujet le plus important» entre Ankara et Washington était «celui des F-16». La turquie a commandé et partiellement payé des avions de chasse, mais Washington a suspendu le contrat de livraison après qu'Ankara eut acquis un système de défense russe S-400.

La dernière rencontre entre MM. Biden et Erdogan, après des mois de brouille entre les deux pays, remonte au mois d'octobre dernier à Rome, en marge du G20.

ATS