Et si c'était lui? Olaf Scholz, austère social-démocrate et possible chancelier

ATS

26.9.2021 - 20:42

Et si c'était lui? Vice-chancelier et grand argentier du gouvernement, le très modéré social-démocrate Olaf Scholz s'est présenté comme le «prochain chancelier» dès les premières estimations qui ont placé son parti en tête des élections allemandes.

Olaf Scholz 
Olaf Scholz 
KEYSTONE/DPA/Wolfgang Kumm

26.9.2021 - 20:42

Si le succès des sociaux-démocrates se confirme, M. Scholz aura adopté une stratégie gagnante: se présenter, jusque dans la gestuelle, comme le véritable héritier d'Angela Merkel.

Régulièrement moqué pour son allure austère et ses discours débités d'un ton d'automate – qui lui valent le surnom de «Scholzomat» – l'ancien maire de Hambourg est parvenu à sortir son mouvement de l'ornière, dans un contexte de crise depuis des années de la social-démocratie dans toute l'Europe.

Sans faire de vague et en profitant des faiblesses et erreurs de ses adversaires, il est ainsi en mesure de succéder à une Angela Merkel qui elle se prépare à quitter le pouvoir après 16 années à la chancellerie.

«Bazooka»

La première place qui se profile pour le SPD, même talonné par des conservateurs tombés à un niveau historiquement bas, est inespéré pour un parti donné il y a un an encore comme moribond.

Social-démocrate tendance centriste, M. Scholz, a réussi à convaincre à 63 ans avec une image de compétence.

Il avait succédé en 2018 au ministère des Finances au très orthodoxe chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble.

Le ministre a rompu avec le ton parfois cassant et moralisateur de son prédécesseur, surtout à l'encontre des pays du sud de l'Europe. Mais il s'est bien gardé de détricoter sa gestion financière inflexible.

Au plan local, l'ancien édile, marié sans enfant à une membre du SPD, avait pu apparaître dispendieux, faisant de la petite enfance et du logement social les priorités de son mandat à Hambourg.

Mais si l'élu a fait exploser le budget de sa ville entre 2011 et 2018, il s'en est tenu une fois ministre à son credo: «On ne donne que ce que l'on a».

Son positionnement centriste a contribué à le marginaliser au sein même de son parti, au point qu'en 2019, les militants lui ont préféré pour les diriger un duo de quasi inconnus mais nettement plus à gauche.

M. Scholz est néanmoins parvenu à rebondir à la faveur de la pandémie, n'hésitant pas à rompre avec la doxa budgétaire et à sortir le «bazooka» de la dépense.

Après une décennie à cumuler les excédents, l'Allemagne a ainsi contracté des centaines de milliards d'euros de nouvelles dettes, dérogeant à ses règles constitutionnelles très strictes.

«Tout cela est cher, mais ne rien faire aurait été encore plus cher», répète M. Scholz, opposé à l'allègement de l'impôt sur les grandes fortunes promis par les conservateurs et favorable à un relèvement du salaire minimum.

Malgré le désaveu de 2019, le SPD, un des plus vieux partis européens, a ainsi choisi Olaf Scholz pour défendre ses couleurs, en dépit des critiques visant le ministre suite à la faillite retentissante de la société financière Wirecard.

«Enorme différence»

Celui qui assure «rire plus souvent que les gens ne pensent», a aussi été rattrapé en fin de campagne par une affaire de blanchiment d'argent mettant en cause son ministère, sans grave conséquence dans les sondages.

Né à Osnabrück le 14 juin 1958, Olaf Scholz rejoint le SPD dès 17 ans. Il a alors les cheveux longs et flirte un temps avec les idées les plus à gauche du parti.

Le crâne désormais lisse, il devient avocat spécialiste du droit du travail et est élu député en 1998.

Lors de son mandat de secrétaire général du SPD (2002-2004), M. Scholz doit tous les jours expliquer devant les caméras le détail des impopulaires reformes libérales du chancelier Schröder.

Après une série de revers électoraux, M. Scholz cède en 2004 son poste de secrétaire général. Avant de rebondir en 2007 au ministère du Travail.

Avec Mme Merkel, qui l'a publiquement soutenu en 2017 après de violentes manifestations au sommet du G20 de Hambourg, il entretenait une relation de confiance.

Face à la défaite annoncée de son camp, la chancelière a cependant dû se résoudre en fin de campagne à souligner leur «énorme différence».

ATS