Russie Nouveau Premier ministre russe nommé

ATS

15.1.2020 - 19:37

Vladimir Poutine a proposé mercredi une révision de la Constitution et nommé un nouveau Premier ministre. Des annonces qui ont relancé les conjectures sur la préparation de son avenir politique après la fin en 2024 de son dernier mandat de président.

M. Poutine a choisi comme remplaçant à Dmitri Medvedev, son fidèle chef de gouvernement, un personnage de l'ombre: Mikhaïl Michoustine, 53 ans, le patron du fisc russe. La chambre basse du Parlement, la Douma, examinera jeudi cette candidature, selon les agences russes. A la tête du Service fédéral des impôts depuis 2010, M. Michoustine, homme chauve au visage épais, s'est forgé la réputation d'être un haut fonctionnaire efficace.

Ce choix a été rendu public juste après l'annonce surprise de la démission du gouvernement, dans la foulée d'un discours du président russe annonçant des réformes constitutionnelles. Les ministres restent chargés des affaires courantes jusqu'à l'entrée en fonction d'une nouvelle équipe.

Ces annonces ont pris de court l'ensemble de la classe politique et des médias russes. Elles sont perçues comme visant à baliser le terrain avant 2024, date de la fin du mandat actuel de Vladimir Poutine qui, en l'état actuel de la législation, n'a pas le droit de se représenter. L'homme fort de la Russie est jusqu'à présent resté très évasif sur ses intentions et n'a jamais évoqué de successeur.

Rôle d'exécutant

La politologue Ekaterina Schulmann évoque une «figure neutre» au sujet du futur Premier ministre, qui sera selon elle dans un rôle d'exécutant. «Il est trop tôt pour (faire émerger) un héritier».

Lors de ses mandats de 2000 à 2008, le président russe avait déjà nommé à la tête du gouvernement des responsables guère connus, à l'instar de Mikhaïl Fradkov en 2004. Ce dernier était alors ambassadeur auprès de l'Union européenne.

Les annonces de mercredi sont néanmoins interprétées par les analystes comme par les opposants comme la preuve que le président organise l'après 2024. Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a jugé que, quelle que soit la fonction officielle à laquelle il se désignait, Vladimir Poutine cherchait à «rester dirigeant à vie».

Dose de parlementarisme

Peu avant ces annonces-chocs, le chef de l'Etat avait dit voir «clairement émerger une demande de changement au sein de la société», lors de son discours annuel devant le Parlement et les élites politiques du pays.

Dans cette allocution, M. Poutine a proposé de soumettre au vote des Russes des réformes de la Constitution devant renforcer les pouvoirs du Parlement, tout en préservant le caractère présidentiel du système. Il s'agit de la première révision de la loi fondamentale depuis son adoption en 1993.

«Le président, bien sûr, gardera le droit de fixer les missions et les priorités du gouvernement», a-t-il prévenu. Mais il a jugé la Russie assez «mûre» pour introduire une dose de parlementarisme.

M. Medvedev, qui devrait devenir vice-président du Conseil de sécurité russe, a expliqué son départ par la nécessité de donner au président «les moyens de prendre toutes les mesures qui s'imposent». Son départ intervient alors que sa popularité stagne à moins de 30% – contre près de 70% pour M. Poutine – sur fond d'anémie économique et de niveau de vie en baisse.

Au-dessus du droit international

Les propositions de réformes exposées par M. Poutine visent aussi à renforcer les gouverneurs régionaux, à interdire aux membres du gouvernement et aux juges de disposer d'un permis de séjour à l'étranger et à obliger tout candidat à la présidentielle à avoir vécu les 25 dernières années en Russie. Le chef de l'Etat conservera le droit de limoger tout membre du gouvernement et nommera les chefs de toutes les structures sécuritaires.

Il a également proposé de renforcer les pouvoirs du Conseil d'Etat, une institution consultative composée de divers responsables nationaux et régionaux, et de placer la Constitution russe au-dessus du droit international dans la hiérarchie des normes.

Retour à la page d'accueil