Des milliers d'indépendantistes manifestaient dans une ambiance tendue samedi soir à Barcelone, qui craignait de nouvelles violences au lendemain d'affrontements ayant fait plus de 180 blessés dans la région. Aucune issue politique ne semblait en vue.
«Nous sommes des gens de paix», criaient les manifestants rassemblés de nouveau sur la place épicentre des violences de la veille, à l'appel de la gauche radicale indépendantiste et d'autres collectifs pour dénoncer la «répression» des forces de l'ordre.
«Les forces d'occupation dehors», scandait la foule, en référence à la police encerclant la zone avec de nombreux agents et fourgons. «Pour moi (les heurts avec la police), ce n'est pas de la violence, c'est de l'auto-défense, je suis descendu dans les rues tous les jours depuis lundi», a expliqué sous couvert d'anonymat un jeune de 20 ans se présentant comme «antifasciste».
Près de 600 blessés
Après cinq jours de violences, qui ont fait au total près de 600 blessés dans la région, Barcelone redoutait de revivre le chaos des nuits précédentes, marquées par des scènes de guérilla urbaine et de durs affrontements entre agents anti-émeutes et radicaux au visage masqué lançant pierres, objets métalliques et élevant des barricades enflammées avec du mobilier urbain.
La police a utilisé balles de caoutchouc, gaz lacrymogènes et un canon à eau pour les disperser. A moins d'un mois des élections législatives du 10 novembre, ces violences mettent sous pression le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, qui a dépêché son ministre de l'Intérieur à Barcelone et est vivement critiqué par l'opposition de droite.
Dans la nuit de vendredi à samedi, 182 personnes ont été blessées dans toute la Catalogne, dont 152 à Barcelone, le plus lourd bilan depuis le début des manifestations lundi, déclenchées par la condamnation à de lourdes peines de prison de neuf dirigeants indépendantistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.
Environ 300 personnes interpellées
Environ 300 personnes ont été interpellées en Catalogne depuis lundi, selon le ministère de l'Intérieur. Samedi dans la journée, la vie avait toutefois repris quasiment normalement dans la capitale catalane.
Les heurts avaient éclaté vendredi au terme d'une immense manifestation pacifique de quelque 525'000 personnes à Barcelone. «Cela ne peut pas continuer, Barcelone ne mérite pas ça», a réagi la maire de gauche de la ville Ada Colau, appelant au dialogue pour résoudre «un conflit de fond».
«Négociations sans conditions» refusées
Le président catalan séparatiste Quim Torra a exigé des «négociations sans conditions» avec Madrid, c'est-à-dire sans exclure la possibilité de discuter d'un référendum d'autodétermination.
Il s'est aussitôt vu opposer une fin de non-recevoir par le gouvernement central, qui lui a demandé de «condamner fermement la violence», au vu de l'ambiguïté de ses dernières déclarations, et de reconnaître les Catalans opposés à la sécession.
La droite pour des mesures drastiques
Les partis de droite ont multiplié les déclarations appelant le gouvernement Sanchez à prendre des mesures drastiques, dans une ambiance préélectorale.
Le conservateur Pablo Casado a promis que son Parti populaire «serait la digue de contention face au défi séparatiste», tandis que Ciudadanos (centre-droit) réclamait la destitution du président catalan, qualifié de «danger public».
«L'Etat n'est pas débordé», a assuré le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska, soulignant que la police agissait «de manière proportionnée» face à «l'extrême virulence des groupes indépendantistes radicaux».
Nées de la frustration d'une partie de la base indépendantiste, deux ans après l'échec de la tentative de sécession de 2017, les violences apparues depuis lundi ont marqué un tournant pour le mouvement séparatiste, qui s'est toujours targué d'être non-violent.
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