Assassinat, suicide, condamnation à mort,... Les sorts funestes des présidents en Corée du Sud

ATS

14.12.2024 - 11:05

Emprisonnement, renversement, assassinat, condamnation à mort, suicide: avant Yoon Suk Yeol, destitué par le Parlement samedi, presque tous les présidents sud-coréens ont mal fini.

M. Yoon est en outre visé par une enquête pénale pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort (archives).
M. Yoon est en outre visé par une enquête pénale pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort (archives).
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Keystone-SDA

Il n'y a guère que Moon Jae-in (2017-2022), Kim Young-sam (1993-1998) ou encore le prix Nobel de la paix Kim Dae-jung (1998-2003), artisan d'un rapprochement avec la Corée du Nord, à avoir paisiblement exercé et terminé leurs mandats. Mais ce dernier avait tout de même été condamné à mort pour sédition en 1980 sous le dictateur Chun Doo-hwan, auquel il s'opposait, avant d'être autorisé à s'exiler aux Etats-Unis.

Yoon Suk Yeol: destitué

Le 14 décembre 2024, le Parlement vote la destitution du président Yoon Suk Yeol, au pouvoir depuis 2022, pour une tentative ratée d'imposer la loi martiale et d'envoyer l'armée au Parlement pour le museler la semaine précédente.

M. Yoon est en outre visé par une enquête pénale pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort, et interdit de quitter le pays.

Park Geun-hye: destituée, emprisonnée

Le 9 décembre 2016, la présidente Park Geun-hye, au pouvoir depuis 2013, est destituée par le Parlement, puis inculpée et incarcérée. La première femme présidente de Corée du Sud, qui se présentait comme incorruptible, est accusée d'avoir reçu des dizaines de millions de dollars des conglomérats sud-coréens, dont Samsung, d'avoir partagé des documents classifiés, d'avoir mis sur une «liste noire» des artistes critiques de sa politique, ou encore d'avoir limogé des responsables qui s'opposaient à ses abus de pouvoir.

La fille de l'ex-dictateur Park Chung-hee est définitivement condamnée en 2021 à 20 ans de prison et à de lourdes amendes. Mais elle est graciée en décembre 2021 par son successeur Moon Jae-in.

Yoon Suk Yeol, aujourd'hui en disgrâce, joua un rôle-clé, en tant que procureur de Séoul, dans sa destitution puis son incarcération.

Lee Myung-bak: 15 ans de prison

Au pouvoir de 2008 à 2013, Lee Myung Bak est condamné en octobre 2018 à 15 ans de prison pour corruption. Il est notamment reconnu coupable d'avoir touché des pots-de-vin de Samsung pour gracier le président du conglomérat, Lee Kun-hee, qui avait été condamné pour évasion fiscale.

Il est gracié par le président Yoon Suk Yeol en décembre 2022.

Roh Moo-hyun: suicide

Président de 2003 à 2008, Roh Moo-hyun se suicide en se jetant du haut d'une falaise en mai 2009. Il était visé par une enquête sur le versement par un riche fabricant de chaussures d'un million de dollars à son épouse et de cinq millions de dollars au mari d'une de ses nièces.

En mars 2004, le Parlement avait adopté une motion de destitution sans précédent qui suspendait M. Roh de ses fonctions, mais la Cour constitutionnelle avait invalidé la procédure deux mois plus tard.

Roh Tae-woo: 22 ans de prison

Roh Tae-woo, élu après le départ de l'autocrate Chun Doo-Hwan qu'il avait aidé à accéder au pouvoir, dirige la Corée du Sud de 1988 à 1993. En 1996, il est condamné à 22 ans de prison pour corruption et trahison. Il est amnistié deux ans plus tard, et meurt d'une leucémie en novembre 2021 à l'âge de 88 ans.

Chun Doo-hwan: condamné à mort

Confronté à des manifestations pro-démocratie, Chun Doo-hwan, surnommé le «Boucher de Gwangju» pour avoir ordonné une sanglante répression dans cette ville du sud-ouest à son arrivée au pouvoir en 1980, passe la main à Roh Tae-woo en 1987.

En 1996, il est condamné à la peine de mort, par la suite commuée en prison à vie, au cours du même procès que celui de son successeur Roh. Lui aussi est amnistié en 1998 après seulement deux ans derrière les barreaux. Il meurt lui aussi d'une leucémie en novembre 2021, quelques jours après son successeur Roh Tae-woo.

Park Chung-hee: assassiné

Le dictateur Park Chung-hee est tué d'une balle dans la tête en octobre 1979 par son principal officier de renseignement à l'issue d'un banquet. Onze ans plus tôt, il avait échappé à une tentative d'assassinat par un commando nord-coréen infiltré dans Séoul.

Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, alors des généraux de l'armée, mettent à profit la confusion politique qui suit pour fomenter un coup d'Etat en décembre 1979. M. Chun devient président en 1980 après le massacre de Gwangju et après avoir obtenu la démission du nouveau président Choi Kyu-ha.

Yoon Bo-sun: renversé

Le président Yoon Bo-sun est renversé en 1961 par un coup d'Etat, mené par le général Park Chung-hee, père de la future présidente Park Geun-hye.

Park maintient le président Yoon Bo-sun à son poste provisoirement, puis le remplace lorsqu'il démissionne en mars 1962. Il exercera un pouvoir autoritaire jusqu'à son assassinat en 1979.

Syngman Rhee: renversé, exilé

Le premier président de la Corée du Sud, Syngman Rhee, élu en 1948, est contraint à la démission par une insurrection populaire menée en 1960 par des étudiants, après avoir tenté de prolonger son mandat grâce à des élections truquées. Il s'exile à Hawaï (Etats-Unis), où il meurt en 1965.