Des dizaines de blessés palestiniens ont quitté mercredi en ambulance la bande de Gaza, soumise aux bombardements incessants de l'armée israélienne, pour être soignés en Egypte. Des centaines de binationaux et d'étrangers devaient suivre.
Du côté palestinien de la frontière, un journaliste de l'AFP a vu au moins 40 ambulances, transportant chacune deux blessés, se diriger vers le terminal hautement sécurisé.
Un bombardement israélien sur le plus grand camp de réfugiés de Gaza, à Jabaliya (nord), a fait "des dizaines de morts et des centaines de blessés", d'après le ministère de la Santé du Hamas. Ici, un Palestinien porte un enfant mort, tandis que d'autres charchent des survivants dans les décombres.
Les premiers blessés quittent la bande de Gaza, avant les étrangers - Gallery
Du côté palestinien de la frontière, un journaliste de l'AFP a vu au moins 40 ambulances, transportant chacune deux blessés, se diriger vers le terminal hautement sécurisé.
Un bombardement israélien sur le plus grand camp de réfugiés de Gaza, à Jabaliya (nord), a fait "des dizaines de morts et des centaines de blessés", d'après le ministère de la Santé du Hamas. Ici, un Palestinien porte un enfant mort, tandis que d'autres charchent des survivants dans les décombres.
Cette annonce, rare développement positif en 26 jours de conflit entre Israël et le Hamas, a été faite à l'AFP par un responsable égyptien sous couvert de l'anonymat vers 09h30 GMT (10h30 heure suisse). Des télévisions égyptiennes ont diffusé en direct l'entrée des véhicules du côté égyptien du terminal de Rafah, unique ouverture sur le monde de la bande de Gaza, où la situation humanitaire est jugée catastrophique pour les 2,4 millions d'habitants qui s'y entassent.
Des soignants et secouristes égyptiens ont procédé au transfert des blessés palestiniens et les ont auscultés avant de les porter sur des brancards vers les ambulances égyptiennes. Au moins deux enfants étaient visibles dans ces ambulances, dont un portait un large bandage à l'abdomen, ainsi qu'une femme allongée sur un brancard, selon les images TV.
Au moins 40 ambulances
Du côté palestinien de la frontière, un journaliste de l'AFP a vu au moins 40 ambulances, transportant chacune deux blessés, se diriger vers le terminal hautement sécurisé.
Les blessés seront transportés, selon les télévisions égyptiennes, vers un hôpital de campagne à Cheikh Zoueid, à une dizaine de km de Rafah, ainsi qu'à Al-Arich, chef-lieu de la province du Nord-Sinaï et, pour les cas les plus critiques, vers des hôpitaux du Caire.
Etrangers et binationaux ensuite
L'Egypte insiste pour que les près de 90 blessés autorisés à traverser mercredi sortent de Gaza avant les quelque 545 binationaux et étrangers apparemment autorisés à partir. Une liste avec leurs nom, nationalité et numéro de passeport a été publiée par l'administration de la partie palestinienne du terminal.
Le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra, a lui affirmé à l'AFP que ses services avaient soumis à l'Egypte une liste de 4000 blessés nécessitant des soins ne pouvant être prodigués dans Gaza.
Aide dérisoire
Le territoire palestinien de quelque 360 km2 est soumis depuis le 9 octobre à un «siège complet» qui prive sa population, exsangue, de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité.
Selon le Cogat, l'organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, 70 camions d'aide humanitaire sont entrés à Gaza mardi. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha) a évoqué 143 camions entrés entre le 21 octobre et lundi soir, mais il insiste sur la nécessité absolue d'une aide beaucoup plus massive.
«Ayez pitié de nous»
Mercredi matin, à l'intérieur du terminal, sur des images de l'AFPTV, on pouvait encore voir des familles transportant leurs affaires personnelles et quelques blessés en fauteuil roulant.
«Nous sommes submergés. Ayez pitié de nous. Nous sommes Egyptiens et on ne peut même pas rejoindre notre pays», a dit Oum Youssef, une binationale encore présente du côté palestinien. «Laissez-nous passer. Nous sommes exténués. On ne peut ni dormir ni manger».
L'accord mis en oeuvre mercredi entre l'Egypte, le Hamas et Israël, et obtenu sous médiation du Qatar en coordination avec les Etats-Unis, selon une source diplomatique, est une rare éclaircie depuis le 7 octobre, jour de l'attaque du Hamas en Israël, qui a fait 1400 morts selon les chiffres officiellement fournis par Tel Aviv.
Pas loin de 9000 morts palestiniens
Dans la bande de Gaza, dirigée par le mouvement islamiste, près de 8800 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre dans les bombardements massifs de l'armée israélienne, selon un nouveau bilan communiqué mercredi à la mi-journée par le Hamas. Des milliers d'autres ont été blessés et les hôpitaux du territoire sont submergés, opérant parfois «à même le sol».
Après une première phase de sa riposte axée sur ces bombardements massifs, Israël, qui a été incapable de prévenir l'attaque du Hamas sur son sol et veut désormais l'"anéantir», a aussi entrepris depuis vendredi d'envoyer un nombre grandissant de chars et de soldats dans le nord de l'enclave, où des combats féroces au sol l'opposent désormais, au milieu des ruines, aux combattants du Hamas.
Mercredi, l'armée israélienne a annoncé la mort de 11 soldats, la veille, portant à 326 le nombre de ses soldats morts depuis le début de la «guerre». Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réagi en promettant la «victoire» malgré les «pertes douloureuses».
Lundi et mardi, l'armée israélienne avait affirmé avoir tué «des dizaines» de combattants du Hamas. Le mouvement islamiste palestinien n'a fourni aucun bilan sur ses pertes.
Libération d'otages envisagée
Dans le territoire palestinien, selon les autorités israéliennes, au moins 240 otages, enlevés lors de l'attaque du 7 octobre, sont toujours aux mains du Hamas.
Alors que leurs proches, en Israël et à l'étranger, vivent dans l'angoisse de leur sort, la branche militaire du Hamas a assuré mardi qu'elle se tenait prête à libérer «un certain nombre d'étrangers dans les prochains jours».
Mercredi, le Hamas a affirmé que sept otages, «dont trois détenteurs de passeport étrangers», avaient été tués la veille dans un bombardement israélien sur le plus grand camp de réfugiés de Gaza, à Jabaliya (nord). Cette affirmation était invérifiable dans l'immédiat de source indépendante.
«Scène de tremblement de terre»
Israël soutient de son côté que ce bombardement a permis d'"éliminer» un haut dirigeant du Hamas, Ibrahim Biari, présenté comme un des responsables de l'attaque du 7 octobre et qui se trouvait dans «un vaste complexe de tunnels souterrains».
Mais il a fait «des dizaines de morts et des centaines de blessés», d'après le ministère de la Santé du Hamas. Dans une vidéo de l'AFPTV, il a été possible de dénombrer au moins 47 corps drapés de linceuls allongés au sol dans la cour d'un hôpital après avoir été extraits des décombres.
«C'était une scène de tremblement de terre», a rapporté à l'AFP un habitant du camp, Ragheb Aqel, 41 ans. Dénonçant un «nouveau massacre», le Qatar, impliqué dans les tentatives de résolution de la crise des otages, a mis en garde contre des opérations susceptibles de «saper les efforts de médiation».
La Bolivie rompt ses relations avec Israël
La Bolivie a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec Israël, pour dénoncer «son offensive (...) disproportionnée», selon elle. Le Chili et la Colombie ont eux annoncé rappeler leurs ambassadeurs à Tel-Aviv.
La guerre, qui fait craindre un embrasement régional, a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où au moins 125 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.
RSF saisit la CPI
Les journalistes paient aussi un lourd tribut depuis le 7 octobre. L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a annoncé mercredi avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour «des crimes de guerre commis contre les journalistes» dans les Territoires palestiniens et en Israël.
Selon le décompte de RSF, 34 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre, dont au moins 12 dans l'exercice de leur activité (dix à Gaza, un en Israël et un au Liban).