Les Etats-Unis ont décidé mardi d'imposer un embargo sur le pétrole et le gaz russes. Cette décision marque un nouveau cap dans les sanctions infligées à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine où des milliers d'habitants de villes bombardées sont en fuite.
"Nous ne contribuerons pas à subventionner la guerre de Poutine", a déclaré le président américain Joe Biden au moment d'annoncer l'embargo sur le pétrole et le gaz russes.
Environ 2000 habitants ont pu s'extraire d'Irpin pour rejoindre Kiev.
Les habitants d'Irpin ont dû franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune pour fuir la zone en grande partie occupée par l'armée russe.
Les civils fuient les villes bombardées, embargo américain - Gallery
"Nous ne contribuerons pas à subventionner la guerre de Poutine", a déclaré le président américain Joe Biden au moment d'annoncer l'embargo sur le pétrole et le gaz russes.
Environ 2000 habitants ont pu s'extraire d'Irpin pour rejoindre Kiev.
Les habitants d'Irpin ont dû franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune pour fuir la zone en grande partie occupée par l'armée russe.
Le conflit déclenché le 24 février a poussé plus de deux millions de personnes à quitter le territoire ukrainien pour se réfugier à l'étranger, essentiellement en Pologne, selon l'ONU. L'Europe s'attend à recevoir cinq millions d'exilés.
«En coordination étroite» avec les alliés de Washington, le président Joe Biden a annoncé avoir ordonné un arrêt des importations américaines d'hydrocarbures russes dans le but de «porter un nouveau coup puissant à (Vladimir) Poutine».
Le Royaume-Uni va cesser d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes. En revanche, à l'exception des Britanniques, les Européens, dépendants à hauteur de 30% du brut russe, se sont pour l'instant refusés à aller aussi loin.
Evacuation de civils
Le lendemain de l'annonce, lundi soir, par la Russie de la mise en place de couloirs humanitaires dans cinq villes particulièrement exposées, dont la capitale Kiev et la deuxième ville, Kharkiv, des civils ont commencé à évacuer Soumy, une ville du nord-est où au moins 21 personnes ont été tuées la veille dans des frappes aériennes russes. L'armée russe a en outre annoncé mardi la mise en place de nouveaux cessez-le-feu dès mercredi.
Après un premier convoi dans la matinée, un deuxième s'est ébranlé dans la journée en direction de Poltava, plus au sud, a annoncé le gouverneur de la région, Dmitry Lunin. Les évacuations se poursuivaient aussi dans la région de Kiev, malgré des tirs sur des couloirs humanitaires, d'après le chef de l'administration locale Oleksiy Kuleba.
A Irpin, l'AFP a vu des centaines de personnes patienter pour franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune faites de planches, de palettes en bois et de carcasses métalliques, en direction de Kiev, par le seul axe non encore occupé par l'armée russe. Environ 2000 habitants ont pu s'extraire de cette localité, selon la police ukrainienne.
«Je ne voulais pas partir, mais il n'y a plus personne dans les maisons autour et plus d'eau, de gaz, ni d'électricité», a témoigné Larissa Prokopets, 43 ans, qui a dit être restée cachée plusieurs jours dans le sous-sol de sa maison.
Files de voitures
Aux portes nord de la capitale, la population essaie désespérément de quitter Boutcha. «Le plus important c'est de faire partir les enfants. Il y a beaucoup d'enfants et de femmes», a confié une habitante, Anna, à l'AFP.
Dans le sud-est, à Marioupol, un grand port stratégique sur la mer d'Azov, quelque 300'000 civils restaient eux aussi coincés, a affirmé le gouvernement ukrainien. «L'ennemi a lancé une attaque exactement en direction du couloir humanitaire», a dénoncé le ministère ukrainien de la Défense.
Dans le sud, à Mykolaïv, près d'Odessa, des files de voitures remplies de civils fuyant les combats s'étiraient sur des kilomètres, tandis que résonnaient les tirs depuis la ligne de front, a constaté une autre journaliste de l'AFP.
A l'hôpital local, les victimes de bombardements affluaient. «Les deux premiers jours, nous avons eu 160 soldats blessés, mais depuis quelques jours ce sont des civils qui arrivent, certains gravement blessés», a raconté Dmytro Sykorsky, le chirurgien en chef.
2000 à 4000 soldats russes morts
Les forces russes ont continué à se déployer autour des métropoles ou intensifié leurs bombardements, au treizième jour de leur offensive, ont assuré des responsables ukrainiens.
Trois adultes ont été tués lundi soir et trois enfants ont été blessés dans l'explosion d'une mine antipersonnel dans la région de Tchernihiv, au nord de Kiev, a déclaré Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, soulignant que l'usage de ces armes était prohibé par le droit international.
D'intenses combats ont eu lieu à Izioum, dans l'est, mais les troupes russes ont battu en retraite, a signalé l'état-major ukrainien. L'hôpital central y est totalement détruit, a annoncé la mairie.
Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs affirmé qu'un général russe, Vitali Guerassimov, avait été tué près de Kharkiv, une information qui n'a pas été confirmée à Moscou et était invérifiable dans l'immédiat de source indépendante.
Selon le Pentagone, «2000 à 4000» soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive. Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais elle n'a donné aucun nouveau bilan de ses pertes.
Le porte-parole de l'armée russe, Igor Konachenkov, a annoncé de son côté que l'aérodrome militaire au sud de Jytomyr, à 150 km à l'ouest de Kiev, avait été mis hors service.
«Nous nous batterons jusqu'au bout»
«Nous nous battrons jusqu'au bout», a lancé mardi devant le parlement britannique le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
«Poutine aura beau poursuivre coûte que coûte son avancée à un prix effroyable, il est clair que l'Ukraine ne sera jamais synonyme de victoire» pour lui, a jugé de son côté le président américain Joe Biden. «Poutine peut éventuellement s'emparer d'une ville, mais jamais il ne pourra tenir le pays.»
Dans un entretien avec la chaîne américaine de télévision ABC, M. Zelensky a par ailleurs déclaré ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion. M. Zelensky s'est aussi dit prêt à un «compromis» sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance juste avant que son armée n'entame les hostilités.
McDonald's et l'Oréal plus en Russie
Les sanctions occidentales prises par les Occidentaux contre Moscou ne cessent de s'amplifier. L'Organisation mondiale du tourisme (OMT) veut ainsi suspendre la Russie, l'Union internationale des chemins de fer (UIC) a pour sa part visé les compagnies publiques russe RZD et bélarusse BCh.
Le géant pétrolier britannique Shell a quant à lui décidé qu'il allait se retirer «graduellement» du pétrole et du gaz russes et la chaîne américaine de fast-food McDonald's va provisoirement fermer ses 850 établissements en Russie, emboîtant le pas au géant mondial des cosmétiques L'Oréal.
Résultat, les cours du pétrole grimpaient et, à Londres, la cotation du nickel, utilisé dans les batteries de voitures électriques, a dû être interrompue après avoir atteint les 100'000 dollars la tonne, en raison de craintes sur les approvisionnements russes.