Le pape François, en visite à Chypre, a appelé jeudi à «l'unité» ainsi qu'à «dépasser les divisions», au moment où l'île méditerranéenne membre de l'Union européenne fait face à une importante crise migratoire.
L'avion du pontife argentin de 84 ans a atterri dans l'après-midi à l'aéroport de Larnaca (sud). Le pape a été accueilli par les autorités avec une fanfare et un tapis rouge. «Pape François, on vous aime!», a chanté un groupe d'enfants.
Il s'est ensuite rendu à la cathédrale maronite Notre-Dame de Grâce à Nicosie pour rencontrer le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, venu du Liban voisin, ainsi que d'autres membres du clergé.
Pour construire un avenir digne de l'Homme, il faut travailler ensemble, dépasser les divisions, abattre les murs et cultiver le rêve de l'unité», a affirmé le souverain pontife dans une cathédrale maronite à Nicosie. «Nous avons besoin de nous accueillir et de nous intégrer, de marcher ensemble», a-t-il ajouté.
Réfugiés
Il a évoqué la Méditerranée comme «une mer d'histoires différentes, une mer qui a bercé tant de civilisations, une mer d'où débarquent, aujourd'hui encore, des personnes, des peuples et des cultures de toutes les parties du monde».
Dans un message vidéo publié avant ce voyage, son deuxième dans ce pays, François avait décrit cette mer comme un «immense cimetière», en raison des milliers de migrants morts en tentant de rejoindre l'Europe.
Le pape, faisant référence à la diversité religieuse de Chypre, a également appelé à «ne pas faire de la diversité une menace pour l'identité».
Selon lui, «la présence de plusieurs de nos frères et soeurs migrants» a fait de l'île «un véritable point de rencontre entre différentes ethnies et cultures».
Instrumentalisation turque
La République de Chypre, qui n'exerce son autorité que sur les deux-tiers sud de l'île à majorité hellénophone, dit compter le nombre le plus élevé de premières demandes d'asile des 27 membres de l'UE par rapport à sa population de près d'un million d'habitants.
Elle accuse la Turquie d'instrumentaliser les migrants irréguliers en leur permettant de passer côté sud depuis la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara.
Selon les autorités chypriotes, des négociations sont en cours afin d'organiser le départ vers Rome de plusieurs familles de migrants vivant à Chypre, à l'image de ce que le pape avait fait sur l'île grecque de Lesbos en 2016. Il était alors rentré au Vatican avec trois familles syriennes ayant fuit la guerre dans leur pays.
Liban
Lors de cette visite à Chypre, le pape a évoqué la situation du Liban voisin. Le souverain pontife s'est dit «très préoccupé» par la crise sociale, économique et humanitaire que traverse ce pays.
«Quand je pense au Liban, je suis très préoccupé par la crise dans laquelle il se trouve et je ressens la douleur d'un peuple fatigué et éprouvé par la violence et la souffrance», a-t-il déclaré quelques heures après son arrivée sur l'île. Selon des responsables de l'Eglise, un millier de Libanais sont venus à Chypre pour l'occasion.
Vendredi matin, le pape célébrera une messe publique au stade municipal de Nicosie en présence de quelque 7.000 fidèles, selon les organisateurs.
C'est le seul événement auquel pourra participer la communauté catholique latine de Chypre, composée d'environ 25.000 membres – aujourd'hui majoritairement des travailleurs immigrés asiatiques et des réfugiés africains.
Plus de 500 policiers seront mobilisés pour assurer la sécurité du souverain pontife. Vendredi soir, le pape présidera une prière oecuménique à laquelle un groupe de migrants a été invité.