Syrie Le chef de l'EI tué dans un raid américain

ATS

27.10.2019 - 18:34

De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l'EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad (archives).
De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l'EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad (archives).
Source: KEYSTONE/AP Al-Furqan media

Donald Trump a annoncé dimanche la mort du chef du groupe Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi lors d'une opération militaire dans le nord-ouest de la Syrie. Ce succès pour le président américain a été accueilli avec prudence par ses alliés européens.

«Abou Bakr al-Baghdadi est mort», a déclaré M. Trump lors d'une allocution depuis la Maison Blanche. Le président américain a livré un récit détaillé du raid au cours duquel le chef de l'EI a été acculé par les forces américaines puis s'est fait sauter avec sa ceinture d'explosifs.

L'homme le plus recherché du monde est considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie et d'attentats sanglants dans plusieurs pays. Sa mort avait plusieurs fois été annoncée ces dernières années.

Le chef de l'EI, «calife» autoproclamé en 2014 a un temps présidé aux destinées de 7 millions de personnes en Irak et en Syrie. Il est mort «comme un chien», a ajouté le président américain.

«Mort comme un lâche»

«Il n'est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche», a-t-il martelé, précisant qu'il s'était fait exploser avec sa «veste» chargée d'explosifs alors qu'il s'était réfugié dans un tunnel creusé pour sa protection. Trois de ses enfants sont morts avec lui, a ajouté le président américain.

«Il est mort après avoir couru dans un tunnel sans issue, gémissant, pleurant et criant», a affirmé le président républicain. «Son corps a été mutilé par l'explosion», a-t-il précisé. «Capturer ou tuer Baghdadi était la priorité absolue de mon administration», a-t-il ajouté, lors d'une allocution suivie d'une longue séquence de questions-réponses avec les journalistes.

Le «califat» territorial de l'EI a été déclaré défait par les Américains en mars dans son dernier réduit en Syrie.

L'annonce officielle de Trump

Comme un film

«C'était comme regarder un film», a raconté M. Trump, relatant comment il avait visionné en temps réel le raid américain depuis la «Situation Room» de la Maison Blanche, cette salle sécurisée destinée aux réunions les plus sensibles. Comme pour l'élimination d'Oussama Ben Laden, des caméras avaient été embarquées par les forces spéciales.

En tout début de matinée, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait fait état d'une opération de commandos américains héliportés et débarqués dans la nuit dans la région d'Idleb. Les tirs de huit hélicoptères ont visé après minuit une maison et une voiture aux abords du village de Baricha, à quelques kilomètres de la frontière turque, a déclaré le directeur de l'OSDH, qui fait état d'au moins neuf morts, dont deux femmes et un enfant.

«Grand nombre de morts»

Abdelhamid, un habitant de Baricha, s'est rendu dans le secteur touché très tôt dimanche matin. «Il y a une maison écroulée, des tentes et une voiture civile endommagées avec deux morts à l'intérieur», a-t-il raconté. «L'opération a duré au moins jusqu'à 03H30 du matin», a précisé un autre habitant.

Donald Trump a précisé qu'aucun soldat américain n'avait été tué dans l'opération mais qu'elle avait fait «un grand nombre de morts» dans les rangs des partisans de Baghdadi.

Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie. Les forces turques ont lancé le 9 octobre une vaste offensive contre les forces kurdes. De leur côté, Damas et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière turque, tandis que les Américains ont annoncé l'envoi de renforts militaires dans l'est pétrolier de la Syrie.

«Enième 'mort'»

Donald Trump a tenu à remercier dimanche la Russie, la Turquie, la Syrie, l'Irak et les Kurdes de Syrie. L'élimination d'Abou Bakr al-Baghdadi vient à point nommé pour le président américain, dont la stratégie en Syrie était jugée sévèrement, par les alliés des Etats-Unis et au sein même du parti républicain.

Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a lui minimisé cette «énième 'mort'» du chef djihadiste, qui, selon lui, «n'a aucune signification opérationnelle pour la situation en Syrie ou pour les actions des terroristes restant à Idleb».

Au-delà, dirigeants et responsables étrangers, dont plusieurs ont félicité les Etats-Unis, ont souligné que la disparition d'Abou Bakr al-Baghdadi n'annonçait pas la fin de l'EI.

Pour Boris Johnson, Premier ministre britannique, il s'agit d'«un moment important dans notre combat contre la terreur, mais la bataille contre le fléau de Daech (acronyme arabe de l'EI) n'est pas terminée». «La mort d'al-Baghdadi est un coup dur porté contre Daech, mais ce n'est qu'une étape. Le combat continue», a pour sa part déclaré le président français Emmanuel Macron.

La dernière apparition de Baghdadi, la première en cinq ans, remontait à une vidéo de propagande du 29 avril où il appelait ses partisans à poursuivre le combat.

Ascension et déclin du «califat» de l’Etat islamique:

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