Corée du Sud Le bureau du président perquisitionné à Séoul

ATS

11.12.2024 - 04:40

La police sud-coréenne a perquisitionné mercredi le bureau présidentiel, une semaine après la tentative manquée du président sud-coréen d'imposer la loi martiale. Le dirigeant, qui a échappé à une première motion de destitution, a l'interdiction de quitter le pays.

Le bureau du président sud-coréen à Séoul a été perquisitionné (archives).
Le bureau du président sud-coréen à Séoul a été perquisitionné (archives).
ATS

«L'équipe spéciale d'enquête a mené une perquisition au bureau présidentiel, à l'agence de la police nationale, à l'agence de la police métropolitaine de Séoul et au service de sécurité de l'Assemblée nationale», a déclaré cette unité policière dans un message envoyé à l'AFP.

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a sidéré le pays en imposant la loi martiale par surprise dans la nuit du 3 au 4 décembre, avant d'être obligé de l'abroger six heures plus tard sous la pression du Parlement et de la rue. Il a échappé depuis lors de peu à une motion de destitution soumise au vote de l'Assemblée nationale, sauvé par son parti. Mais l'opposition a prévu de retenter le coup samedi.

Tentative de suicide

Mercredi, un responsable des services pénitentiaires a affirmé que l'ex-ministre de la défense en poste au moment de l'éphémère déclaration de la loi martiale, Kim Yong-hyun, avait tenté de se suicider en détention, peu avant d'être arrêté formellement, tard mardi, suivant la délivrance par un tribunal d'un mandat d'arrêt contre lui.

Accusé d'avoir joué un rôle «crucial lors d'une rébellion» et commis un «abus de pouvoir pour entraver l'exercice de droits», il était déjà détenu depuis dimanche.

Sous le coup d'une enquête pour «rébellion», l'impopulaire président Yoon, 63 ans, a interdiction de quitter le territoire, tout comme l'ancien ministre de la défense, l'ex-ministre de l'intérieur et le commandant de la tentative de loi martiale avortée.

«L'entière responsabilité de la situation ne repose que sur moi», a affirmé mardi Kim Yong-hyun, dans un communiqué porté par ses avocats, indiquant qu'il s'excusait «profondément».

Cho Ji-ho, le commissaire général de l'agence de la police nationale, ainsi que le chef de l'agence de la police métropolitaine de Séoul, Kim Bong-sik, ont aussi été arrêtés tôt mercredi, selon la police.

Première réaction de Pyongyang

En matinée, les médias d'Etat nord-coréens ont réagi pour la première fois. L'acte «choquant de la marionnette Yoon Suk-yeol, qui fait face à une destitution et à une crise de gouvernance, déclarant soudainement un décret de loi martiale et brandissant sans hésitation les armes à feu et les couteaux de sa dictature fasciste, a semé le chaos dans toute la Corée du Sud», ont-ils écrit.

M. Yoon, sans cesse mis en échec par une Assemblée nationale largement acquise à l'opposition, avait justifié sa décision d'imposer la loi martiale par sa volonté de protéger la Corée du Sud des «forces communistes nord-coréennes» et d'"éliminer les éléments hostiles à l'Etat».

Des hélicoptères et des soldats avaient été déployés au Parlement pour empêcher les députés de s'y réunir et de voter la levée de son décret. Mais 190 d'entre eux étaient parvenus à entrer et à adopter à l'unanimité la fin de cet état d'exception.

L'ex-ministre de la défense Kim Yong-hyun a été accusé par des parlementaires de l'opposition d'avoir ordonné d'envoyer des drones à Pyongyang, dans une tentative apparente de créer un casus belli avec le Nord, qui aurait servi de prétexte pour proclamer la loi martiale.

Ces députés l'ont aussi accusé d'avoir appelé à frapper des sites de lancement de ballons de déchets nord-coréens, qui ont volé par milliers vers le Sud à partir de mai.

Plan de sortie

Un groupe de travail du parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon a proposé mardi une feuille de route sur le retrait du président. Deux options sont envisagées: la démission de Yoon Suk-yeol en février ou en mars, avec une nouvelle élection présidentielle en avril ou en mai.

La proposition n'a pas encore été acceptée par la totalité du PPP. Même si elle l'était, il est improbable que l'opposition renonce à une nouvelle motion de destitution. Celle-ci n'aurait besoin que de huit défections dans le parti présidentiel pour pouvoir passer.

Lors de la première tentative le 7 décembre, seuls deux élus du PPP avaient voté en faveur. Mais mardi, deux autres ont dit qu'ils feraient de même.

ATS