Royaume-Uni L'UE inflexible sur le Brexit

ATS

2.9.2019 - 01:44

Le négociateur de l'UE Michel Barnier a exclu dimanche de renégocier l'accord de divorce avec le Royaume-Uni avant un intense bras de fer politique sur le Brexit cette semaine au Royaume-Uni. De quoi renforcer l'hypothèse d'un Brexit dur le 31 octobre.

Il est hors de question de renégocier en l'état le filet de sécurité irlandais (ou «backstop»), dont Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait conclu par l'ex-chef de gouvernement Theresa May avec l'UE, a expliqué M. Barnier dans une tribune publiée par le Sunday Telegraph. Cette disposition prévoit que faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un «territoire douanier unique» avec l'UE.

Inacceptable pour Boris Johnson: cela empêcherait le Royaume-Uni de suivre une politique commerciale indépendante, puisqu'il serait toujours soumis à des règles européennes.

«Le backstop représente la flexibilité maximale que l'UE puisse offrir à un Etat non membre», écrit le négociateur de l'UE. Ce dispositif est nécessaire, souligne-t-il, pour préserver l'intégrité du marché unique européen et maintenir ouverte la frontière entre l'Irlande du Nord britannique et la république d'Irlande (membre de l'UE) après le Brexit.

«Je ne suis pas optimiste sur la possibilité d'éviter le scénario d'un 'no deal'«, ajoute-t-il. Selon lui, d'éventuelles alternatives au filet de sécurité irlandais ne pourront être discutées qu'après la ratification de l'accord de retrait, parallèlement aux négociations sur la future relation entre Bruxelles et Londres.

Bras de fer avec le Parlement aussi

Arrivé au pouvoir fin juillet, Boris Johnson a promis de sortir le Royaume-Uni du bloc européen coûte que coûte le 31 octobre, qu'un compromis ait pu ou non être trouvé avec Bruxelles. Et ce, afin de respecter la volonté des Britanniques qui avaient choisi le Brexit à 52% lors d'un référendum en 2016.

Disant vouloir préparer un nouveau programme de politique nationale, le dirigeant a annoncé mercredi une suspension du Parlement pendant environ cinq semaines dès la deuxième semaine de septembre et jusqu'au 14 octobre.

Mais les opposants à un Brexit dur y voient une manoeuvre pour les empêcher de bloquer une sortie sans parachute. Ils se préparent à un bras de fer avec le chef du gouvernement dès la rentrée du Parlement mardi pour une session s'annonçant houleuse.

S'éloigner du précipice

Les députés essaieront notamment de légiférer pour contrer un «no deal». Une motion de censure est aussi envisagée contre le gouvernement, dont la majorité à la Chambre des Communes ne tient qu'à une voix.

«Nous devons tout simplement nous empêcher de sortir sans accord», a déclaré Keir Starmer, le responsable du Brexit au sein du Parti travailliste, principale formation d'opposition. Une telle loi nécessiterait de reporter la date du divorce, selon lui.

«Nous travaillons avec d'autres partis pour faire tout ce qui est nécessaire pour éloigner notre pays du précipice», doit déclarer lundi le chef des travaillistes, Jeremy Corbyn, à Salford (nord-ouest) où le Labour réunit son cabinet fantôme, selon un extrait de son discours transmis par ses services.

Expulsion du parti

A son tour, Boris Johnson a haussé le ton. Il a prévenu que les députés conservateurs qui voteraient contre l'exécutif seraient expulsés du parti, rapportaient plusieurs journaux dimanche soir. Une mesure qui mettrait à mal sa propre majorité, alimentant les spéculations sur l'imminence d'élections générales anticipées.

Une rencontre prévue lundi avec des rebelles tories a en outre été annulée.

Le ministre chargé des préparatifs d'une sortie sans accord, Michael Gove, a par ailleurs choqué à gauche comme à droite dimanche, en refusant de dire sur la BBC si l'exécutif se conformerait à une loi bloquant une sortie sans accord.

La bataille contre le «no deal» et la suspension parlementaire se déroulera aussi sur le front judiciaire, et dans la rue.

Hausse des prix

Mardi, la plus haute instance civile d'Ecosse étudiera une demande de députés pro-européens de contrer la suspension. Une action en justice intentée par la militante anti-Brexit Gina Miller, à laquelle s'est joint l'ex-Premier ministre conservateur John Major, sera elle examinée jeudi à Londres.

D'autres manifestations sont aussi prévues après que des milliers de Britanniques ont protesté samedi contre le «coup d'Etat» de Boris Johnson. Le scénario d'un «no deal», très redouté par les milieux économiques, fait craindre le rétablissement de droits douaniers et des pénuries.

«Non, il n'y aura pas de pénurie d'aliments frais», a voulu rassurer Michael Gove, en admettant toutefois que certains prix monteraient. L'exécutif a lancé dimanche une campagne médiatique pour informer le public et les entreprises sur les démarches nécessaires dans le cadre du Brexit.

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