Toute petite, regard vif derrière le masque anticovid, Sophie Pétronin, le dernier otage français dans le monde, est arrivée vendredi en France. Elle a été accueillie par sa famille et Emmanuel Macron après quatre années de détention au Mali aux mains de jihadistes.
«Les Français se réjouissent avec moi de vous revoir enfin chère Sophie Pétronin. Bienvenue chez vous !«, a tweeté le chef de l'Etat peu après l'atterrissage de l'avion transportant l'ex-otage, accompagnée de son fils, un médecin et des diplomates.
L'appareil, qui avait quitté le Mali vendredi matin, s'est posé vers 12H45 sur la base aérienne de Villacoublay, au sud de Paris.
Après avoir descendu lentement les marches du Falcon, Mme Pétronin, 75 ans, a échangé quelques mots avec le chef de l'Etat avant de tomber dans les bras de sa famille, très émue.
La septuagénaire, la tête recouverte d'un fin voile banc, et ses proches – une quinzaine dont trois petits-fils – se sont ensuite rendus dans le salon d'honneur de la base aérienne avec Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, pendant près d'une heure.
Contrairement à ce qui était prévu, Emmanuel Macron ne s'est finalement pas exprimé devant la presse et a quitté les lieux peu avant Sophie Pétronin, repartie en van.
C'est la deuxième fois que M. Macron accueillait un otage de retour en France après les deux touristes libérés au Burkina Faso en mai 2019.
«Sa libération est un immense soulagement. Aux autorités maliennes, merci. Le combat contre le terrorisme au Sahel se poursuit», avait réagi le chef de l'Etat jeudi soir sur Twitter.
Zones d'ombre et confusion
Sophie Pétronin a été libérée en même temps que deux Italiens, dont un prêtre, et une importante figure de l'opposition malienne, Soumaïla Cissé.
Les deux ex-otages italiens étaient vendredi sur le chemin du retour vers l'Italie à bord d'un avion spécial, a-t-on appris de source aéroportuaire à Bamako.
Les émouvantes retrouvailles entre Sophie Pétronin et son fils Sébastien Chadaud, qui s'est battu depuis le début de la captivité de sa mère ont eu lieu jeudi soir à l'aéroport de Bamako, où les otages avaient fait une première étape. M. Chadaud s'est précipité pour la prendre dans ses bras en criant et répétant «Maman!«.
Les otages, aux mains du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), une alliance de groupes jihadistes affiliée à Al-Qaïda, ont été reçus à la présidence malienne, où ils sont apparus en bonne santé.
Leur libération parachève une opération dont la genèse, le déroulement mais aussi les implications pour le gouvernement de transition au Mali sont entourés de vastes zones d'ombre.
Elle a coïncidé avec la remise en liberté entre dimanche et mardi de plusieurs dizaines de prisonniers que des responsables maliens, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ont présentés comme des jihadistes, mais dont l'identité et le profil n'ont pas été divulgués.
Après quatre jours d'informations, de rumeurs et de confusion, la présidence malienne a rompu jeudi soir le silence observé par les autorités de Bamako, mais aussi de Paris. Elle «confirme la libération de M. Soumaïla Cissé et Mme Sophie Pétronin. Les ex-otages sont en route pour Bamako», a-t-elle indiqué sur Twitter.
Mme Pétronin et M. Cissé ont embarqué dans un avion à Tessalit, ville du vaste nord désertique proche de la frontière algérienne, avant de retrouver les leurs à Bamako.
«Je suis musulmane»
Peu après le tweet de la présidence malienne, le gouvernement malien a également annoncé la libération des Italiens Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli. Jamais leurs noms n'étaient apparus jusqu'alors publiquement dans ces rumeurs et négociations de libération.
Singulièrement, le gouvernement a indiqué que la libération des quatre otages remontait à mardi. En fait, a ainsi déclaré Soumaïla Cissé aux médias, c'est même lundi que «nous avons été informés que nous (étions) libres».
Peu avant l'arrivée de Mme Pétronin en France, la présidente du Rassemblement national (extrême droite) Marine Le Pen a demandé vendredi que l'exécutif informe les partis politiques et les parlementaires «des conditions qui ont présidé à cette libération».
Sophie Pétronin avait été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao (nord du Mali), où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d'aide à l'enfance.
«Pour le Mali, je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d'Allah, parce que je suis musulmane. Vous dites Sophie, mais c'est Mariam que vous avez devant vous», a-t-elle dit.
Le prêtre Pier Luigi Maccalli, installé depuis onze ans au Niger, avait été enlevé en 2018 à son domicile de Bamoanga (sud-ouest du Niger), proche du Burkina Faso.
Il est apparu pour la première fois dans une vidéo tournée en mars 2020, en compagnie d'un compatriote, Nicola Chiacchio, a indiqué un journal privé nigérien. Nicola Chiacchio, jusqu'alors inconnu, a été présenté par les médias comme un jeune homme ayant disparu dans le nord du Mali en février 2019 alors qu'il voyageait à vélo.
Quant à Soumaïla Cissé, 70 ans, figure de l'opposition malienne, il avait été enlevé le 25 mars alors qu'il faisait campagne pour les élections législatives dans la région de Tombouctou (nord-ouest).
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