Israël Issue incertaine des élections israéliennes

ATS

18.9.2019 - 05:37

Benyamin Netanyahou est au pouvoir depuis une décennie en Israël.
Benyamin Netanyahou est au pouvoir depuis une décennie en Israël.
Source: KEYSTONE/EPA/ABIR SULTAN

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son rival Benny Gantz attendaient mercredi les résultats des élections législatives qui s'annoncent serrées. Aucun de leur parti ne semble toutefois en mesure d'atteindre la majorité au Parlement.

Les sondages effectués à la sortie des urnes créditaient le Likoud (droite) de M. Netanyahou de 30 à 32 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement israélien. Le parti bleu-blanc de M. Gantz, un ancien chef de l'armée qui s'est reconverti dans la politique, en obtiendrait lui entre 32 à 34.

Outre les scores de ces deux partis, les résultats des alliés potentiels de chacun seront déterminants, car le seuil de la majorité au Parlement est fixé à 61 élus. Or, selon les sondages, aucun bloc ne semble capable de réunir ce nombre de députés et donc de former un gouvernement à l'issue de ce second scrutin en cinq mois, les élections d'avril ayant abouti à un score similaire.

Pourparlers

Les premiers résultats, qui tombaient au compte-gouttes dans la nuit, confortaient cette tendance et laissaient entrevoir l'obligation pour les deux grands partis de négocier entre eux, et/ou avec d'autres formations pour former un nouveau gouvernement.

Au printemps dernier, M. Netanyahou avait été incapable de former une coalition à l'issue d'élections âprement disputées. Résultat, il avait dissous le Parlement et convoqué un nouveau scrutin, celui de mardi. Cinq mois plus tard, Israël semble se retrouver à même case.

«Nous agirons pour former un large gouvernement d'union qui exprimera la volonté du peuple [...] Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde», a déclaré dans la nuit M. Gantz, à ses partisans réunis à Tel-Aviv.

La voix enrouée, M. Netanyahou a quant à lui plaidé pour un «gouvernement sioniste fort», sans la participation de «partis arabes antisionistes» lors d'un discours en plein milieu de la nuit devant un parterre clairsemé de partisans.

«Faiseur de roi»

«Nous allons négocier avec le plus grand nombre de partenaires pour éviter la formation d'un gouvernement antisioniste dangereux [...] il n'y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement qui s'appuie sur des partis arabes antisionistes, des partis qui nient l'existence même d'Israël en tant qu'État juif et démocratique», a-t-il ajouté.

Dans ce scénario, le parti nationaliste Israel Beiteinou, pour l'instant «non aligné», de l'ex-ministre Avigdor Lieberman et crédité de 8 ou 9 sièges pourrait faire pencher la balance.

Actuellement en rupture avec le premier ministre, M. Lieberman n'a pas dit clairement s'il allait soutenir le camp du Likoud ou celui du parti Kahol Lavan («bleu-blanc», couleurs du drapeau israélien) de M. Gantz. Il a toutefois plaidé pour la formation d'un «gouvernement d'union nationale».

«Il n'y a qu'une option pour nous et c'est la formation d'un large gouvernement libéral d'union nationale avec Israël Beitenou, le parti bleu-blanc et le Likoud», a déclaré M. Lieberman, après la diffusion des sondages à la sortie des urnes, en excluant ainsi les partis juifs ultra-orthodoxes et arabes.

Netanyahou convoqué par la justice

M. Lieberman a mené sa campagne contre les partis juifs ultra-orthodoxes, alliés du Likoud de M. Netanyahou, qu'il accuse de vouloir faire d'Israël un Etat religieux. Outre les partis ultra-orthodoxes, M. Lieberman a aussi tiré à boulets rouges ces dernières années sur les formations arabes.

Or ces partis, crédités mardi de 11 à 15 sièges, pourraient jouer un rôle crucial en soutenant un candidat ou un autre. «L'ère Netanyahou s'est achevée», a ainsi prétendu mardi soir Ahmed Tibi, l'un des ténors de la «liste unie» des partis arabes qui s'oppose au premier ministre sortant.

L'issue de ce nouveau scrutin est d'autant plus cruciale pour M. Netanyahou qu'il intervient avant sa comparution devant la justice le 3 octobre pour des affaires de «corruption», «d'abus de confiance» et de «malversations».

Pour l'heure, le premier ministre sortant n'est ni inculpé ni condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de voter son immunité. S'il était réélu, puis inculpé, il deviendrait le premier chef de gouvernement en exercice à connaître une telle avanie dans l'histoire d'Israël.

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