Proche-Orient Hôpital à Gaza: Israël et Palestiniens se rejettent la faute

ATS

18.10.2023 - 07:04

Une frappe dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité a fait mardi des centaines de morts dans un hôpital à Gaza, provoquant condamnations et manifestations. Elle est intervenue quelques heures avant l'arrivée du président américain dans la région.

18 octobre 2023, Istanbul, Turquie : Des centaines de Turcs et d'Arabes tentent de prendre d'assaut l'ambassade d'Israël à Istanbul après avoir entendu la nouvelle du bombardement de l'hôpital Al-Ahli à Gaza. Ils en sont empêchés par la police turque. 
18 octobre 2023, Istanbul, Turquie : Des centaines de Turcs et d'Arabes tentent de prendre d'assaut l'ambassade d'Israël à Istanbul après avoir entendu la nouvelle du bombardement de l'hôpital Al-Ahli à Gaza. Ils en sont empêchés par la police turque. 
IMAGO/ZUMA Wire

Keystone-SDA

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d'être à l'origine de cette frappe, que l'armée israélienne a elle imputé à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien. Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.

Le bombardement, survenu onze jours après le début de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël, a suscité de nombreuses condamnations et des manifestants sont descendus dans les rues à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou encore à Beyrouth, où des heurts ont eu lieu avec la police.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, des affrontements ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.

Réunion à Amman reportée

Attendu mercredi en Israël, le président américain Joe Biden va «reporter» son étape prévue ensuite en Jordanie, a indiqué la Maison-Blanche. M. Biden s'est dit «indigné et profondément attristé par l'explosion», dans un communiqué.

La Jordanie avait auparavant annoncé l'annulation d'un sommet auquel M. Biden devait participer avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président Abbas, ainsi que le roi jordanien Abdallah II.

«De 200 à 300» personnes sont mortes», a déclaré le ministère de la santé du territoire palestinien, selon qui «des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres» de l'hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza. Le Hamas, qui parle de plus de 500 victimes, a incriminé Israël.

L'armée israélienne a réfuté cette accusation, affirmant que «d'après des informations des services de renseignements [...] le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté». «Nous allons dans les prochaines heures fournir les preuves de nos affirmations», a dit dans la nuit de mardi à mercredi Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne.

«Mensonges», a rétorqué le Jihad islamique, qui a accusé Israël de vouloir «se dérober à la responsabilité de son crime».

«C'est un massacre»

A la demande de la Russie et des Emirats arabes unis, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mercredi une réunion d'urgence et se prononcera juste avant sur une résolution portée par le Brésil pour tenter de trouver une position commune sur le conflit.

«Nous étions en train d'opérer dans l'hôpital, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d'opération. C'est un massacre», a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, médecin de Médecins sans frontières, dans un communiqué de l'ONG.

L'Eglise épiscopale à Jérusalem, qui gère l'hôpital, a condamné une attaque «brutale» survenue «durant des frappes israéliennes», dénonçant un «crime contre l'humanité». Le Croissant-Rouge palestinien a dénoncé un «crime de guerre», qui a fait «des centaines» de victimes civiles, «dont des femmes, des enfants, du personnel de santé».

Le chef de l'ONU António Guterres, qui doit se rendre jeudi en Egypte frontalière de la bande de Gaza pour évoquer l'aide humanitaire, s'est dit mardi soir «horrifié». Les attaques du Hamas «ne peuvent justifier la punition collective des Palestiniens», a-t-il ajouté mercredi depuis Pékin, après avoir dénoncé «les actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre».

«Journée de colère»

Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une «journée de colère» mercredi pour condamner le «massacre», dont il accuse Israël.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de «deuil public» mercredi et prédit que l'attaque contre l'hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. Mardi, Téhéran avait menacé d'une possible «action préventive» contre Israël, qui prépare une offensive terrestre à Gaza.

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël, l'armée israélienne bombarde quotidiennement cette enclave de 362 km2, jurant d'éliminer le mouvement islamiste.

Ces frappes, qui ont entraîné selon l'ONU le déplacement d'un million de personnes, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux, ont déjà fait plus de 3000 morts, en majorité des civils, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.

Plus de 1400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils le jour de l'attaque du Hamas qui a aussi enlevé 199 personnes selon l'armée israélienne.