11 jours meurtriers Netanyahu se félicite d'un "succès exceptionnel"

ATS

21.5.2021 - 13:39

Les armes se sont tues à Gaza et en Israël vendredi, quelques heures après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre l'armée israélienne et le Hamas palestinien. Mais de nouveaux affrontements ont éclaté sur l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié vendredi de «succès exceptionnel» l'offensive de l'armée contre des groupes armés palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié vendredi de «succès exceptionnel» l'offensive de l'armée contre des groupes armés palestiniens.
KEYSTONE

Le calme est toutefois revenu sur l'esplanade en fin d'après-midi. Des accrochages similaires avaient été l'élément déclencheur il y a onze jours de la flambée de violences entre l'armée israélienne et le Hamas qui ont fait 243 morts palestiniens, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités à Gaza, et douze morts en Israël y compris un enfant et une adolescente, d'après la police.

«Nous avons atteint les objectifs, c'est un succès exceptionnel», s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en commentant l'offensive militaire israélienne contre l'enclave palestinienne, contrôlée par le Hamas depuis 2007.

Habitations dévastées

La trêve est entrée en vigueur à 02h00 locales à la suite d'efforts intenses des Etats-Unis et de l'Egypte principalement. Depuis lors, «aucun tir n'a été détecté et les avions (de combat) sont retournés à leurs bases», selon l'armée israélienne.

A l'annonce du cessez-le-feu, des milliers de Palestiniens ont célébré dans la nuit à Gaza, en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. «C'est l'euphorie de la victoire», a lancé devant les manifestants Khalil al-Hayya, un ténor du Hamas.

Profitant de l'arrêt des bombardements, les habitants sont sortis inspecter les dégâts à Gaza, où de nombreuses habitations ont été dévastées et des tours aplaties par les frappes israéliennes.

«C'était une véritable guerre, terrifiante pendant onze jours. Ni nous ni les enfants n'avons pu dormir à cause des bombardements. Nous sommes très heureux après ce cessez-le-feu», a dit Mohammad Abou Odeh, un Palestinien dans la bande de Gaza.

Solution politique

Le président américain Joe Biden a estimé, peu avant son entrée en vigueur, que le cessez-le-feu était «une vraie opportunité» d'avancer vers la paix. Il a exprimé sa «sincère reconnaissance» à l'Egypte, qui a conclu de précédents accords de trêve avec les deux protagonistes.

Deux délégations égyptiennes doivent être envoyées en Israël et dans les Territoires palestiniens «pour surveiller» le respect du cessez-le-feu, selon des sources diplomatiques égyptiennes. Et le chef de la diplomatie Antony Blinken doit se rendre au Moyen-Orient «dans les prochains jours».

Le cessez-le-feu a été annoncé après une réunion jeudi soir du cabinet de sécurité israélien, qui a «accepté à l'unanimité» l'initiative égyptienne de «cessez-le-feu bilatéral sans condition». Dans la foulée, le Hamas a affirmé que «la résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l'occupation le respectera».

«Je suis très heureux du cessez-le-feu, mais cette guerre, la suivante et celle d'après sont vaines. Tant qu'il n'y aura pas de solution politique, les deux nations continueront la lutte», a déclaré Tal Nissimov, un Israélien, à Tel-Aviv, touchée par les roquettes palestiniennes.

Régler les «causes profondes»

A l'étranger, la Suisse a salué le cessez-le-feu, mais appelé les parties à «se pencher sérieusement sur les causes profondes du conflit». «Il est temps de mettre un terme à ces cycles de violence dont les populations civiles palestiniennes et israéliennes n’ont que trop souffert», a affirmé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué.

L'Allemagne a également estimé qu'il fallait désormais «s'attaquer aux causes profondes» du conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus de 50 ans. La France, la Russie, la Chine et l'Union européenne, ont aussi jugé nécessaire une relance du processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne.

Milliers de roquettes

Flambée de violences la plus meurtrière depuis celle de 2014, le dernier cycle de violences a éclaté le 10 mai avec le tir par le Hamas de salves de roquettes vers Israël en «solidarité» avec les centaines de Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées. A l'origine des heurts, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens.

Après les tirs palestiniens, Israël a cherché à «réduire» les capacités militaires du Hamas. L'armée a annoncé avoir tué «25 haut responsables du Hamas» et détruit plus de «100 km de tunnels» et des dizaines d'immeubles servant selon elle «d'infrastructures aux activités terroristes du Hamas».

D'après l'armée, le Hamas et le Jihad islamique ont lancé plus de 4300 roquettes, des tirs d'une intensité inégalée contre Israël. Plus de 90% ont été interceptées par le système anti-missiles israélien.