Législatives britanniques Elections fatidiques pour le Brexit

ATS

12.12.2019 - 10:00

Le Brexit avec le conservateur Boris Johnson ou un second référendum avec le travailliste Jeremy Corbyn ? Les Britanniques votent jeudi lors de législatives anticipées fatidiques pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et l'avenir du pays.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 07h00 (08h00 suisses) dans un pays embourbé dans le Brexit depuis le référendum de 2016. C'est pour sortir de l'impasse que le Premier ministre conservateur a voulu ces législatives, les troisièmes en quatre ans. Il espère obtenir la majorité absolue qui lui a fait défaut pour tourner la page de cette saga.

Mais si les tories ont toujours dominé leurs rivaux travaillistes dans les sondages, le résultat s'annonce serré et incertain au vu des dernières enquêtes d'opinion. L'une d'elle, publiée jeudi dans le Telegraph, donne cinq points d'avance aux conservateurs, une autre, réalisée par Kantar, douze points.

Et les averses attendues jeudi, voire la neige dans le nord, pourraient décourager plus d'un électeur de se déplacer pour désigner les 650 députés de la Chambres des communes lors de scrutins uninominaux à un tour (est élu le candidat arrivant en tête dans sa circonscription).

Un sondage sortie des urnes sera publié à la fermeture des bureaux de vote à 22h00 (23h00 suisses). Les premiers résultats sont attendus dès 23h00 locales.

A Noël, Brexit et dinde

«Réalisons le Brexit!» Boris Johnson, 55 ans, l'a répété comme un mantra tout au long d'une campagne sans relief. «Donnez-moi une majorité et je finirai ce que nous avons commencé – ce que vous nous avez ordonné de faire – il y a trois ans et demi», a-t-il promis. «Imaginez comme il sera merveilleux de s'attabler autour de la dinde de Noël, le Brexit réglé», a-t-il poursuivi.

Outre l'unification du pays, il s'agit d'enfin pouvoir s'atteler aux «priorités» des Britanniques, comme la santé et la sécurité, a affirmé le chef du gouvernement, accusé de récupération après l'attentat meurtrier de London Bridge fin novembre.

En cas de victoire, M. Johnson veut soumettre l'accord de divorce qu'il a négocié avec Bruxelles au Parlement avant Noël pour mettre le Brexit en oeuvre au 31 janvier, après trois reports. «L'accord est prêt. Mettez-le juste dans le four», a-t-il régulièrement plaisanté.

Mais au dernier jour de la campagne, l'opposition a une fois de plus dénoncé ses mensonges, son affirmation de pouvoir boucler un accord commercial post-Brexit en moins d'un an avec l'UE étant jugée irréaliste à Bruxelles, selon la presse.

«Vrai changement»

Plus sobre, Jeremy Corbyn, vétéran de l'aile gauche du Parti travailliste, n'en a pas moins promis un «vrai changement» après presque une décennie de pouvoir conservateur, lors d'un dernier meeting mercredi soir à Londres.

Nationalisations et investissements massifs dominent son programme, surtout dans le service public de santé (NHS), affaibli par des années d'austérité. Misant à bloc sur cet autre grand sujet de préoccupation des électeurs, le chef du Labour n'a eu de cesse d'accuser les conservateurs de vouloir brader aux Américains, après le Brexit, cette institution gratuite et chérie des Britanniques.

Sur le Brexit, le septuagénaire reste ambigu. Il promet de négocier un nouvel accord de divorce plus favorable aux droits des travailleurs, qu'il soumettrait à un référendum avec comme alternative le maintien dans l'UE. Lui-même resterait «neutre».

Electorat volatil

Le dernier sondage publié mardi par YouGov donne aux conservateurs une majorité absolue avec 339 sièges. Mais la marge d'erreur, l'impact d'un éventuel vote utile et la récente remontée du Labour peuvent encore conduire à un Parlement sans majorité, comme en 2017.

L'électorat est «plus volatil que jamais», constate Chris Curtis, directeur de la recherche politique de YouGov. Selon lui, le score des Tories dépendra notamment de leur capacité à séduire les électeurs des circonscriptions traditionnellement travaillistes du centre et du nord de l'Angleterre, très favorables au «leave».

Sur les flancs des conservateurs et des travaillistes, les plus petits partis comme les libéraux-démocrates ou les nationalistes écossais du SNP pourraient grappiller quelques sièges, insuffisant pour faire dérailler les poids lourds.

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