Mutant britannique Covid-19: le «mutant» britannique se substituera inéluctablement au virus actuel

AFP

14.1.2021 - 19:35

Le «mutant» britannique, retrouvé aujourd'hui dans 1,3% à 1,4% des tests positifs au Covid-19, devrait dominer dans deux à trois mois en France: «c'est une bascule inéluctable», explique à l'AFP le Pr Bruno Lina, qui coordonne au niveau national la cartographie de sa circulation.

Le «mutant» britannique, retrouvé aujourd'hui dans 1,3% à 1,4% des tests positifs au Covid-19, devrait dominer dans deux à trois mois en France: «c'est une bascule inéluctable», explique à l'AFP le Pr Bruno Lina, qui coordonne au niveau national la cartographie de sa circulation.

«Toutes les mesures que l'on prendra ne feront pas disparaître le mutant britannique qui va se substituer au virus actuel», poursuit jeudi le professeur de virologie au CHU de Lyon, directeur du Centre national de référence des virus infectieux respiratoires à l'hôpital de la Croix Rousse et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI).

"Le mot peut faire un peu peur"

«C'est une bascule inéluctable. L'important, c'est que ça se passe sans coût pour la santé publique. En poursuivant les gestes barrière, les masques, la distanciation et la vaccination, en premier lieu des plus fragiles, cela réduira sa dynamique», relève-t-il. En se montrant relativement rassurant: «ce sera de la gestion de l'épidémie».

«Plutôt que de variant, je préfère parler de mutant britannique, même si le mot peut faire un peu peur. C'est en quelque sorte un clone», remarque en souriant le Pr Lina qui traque ce nouveau venu de Grande-Bretagne où il flambe depuis quelques semaines. 

Les résultats de «notre dernière +enquête flash+ qui porte sur tous les tests PCR positifs au Covid-19 des 6 et 7 janvier montre en données consolidées que 1,3% à 1,4% des virus circulant en France sont porteurs du mutant britannique», dévoile le virologue, également membre du Conseil scientifique du gouvernement. «Ca va peut-être bouger encore un peu, mais à la marge». 

«Il y a peut-être une surestimation de la circulation car certaines détections du variant ont été faites dans un contexte de +cluster+ avec plusieurs dizaines de cas», relève-t-il. «On note aussi des disparités régionales».

«Il ne faut pas imaginer que parce qu'on en a trouvé 1,4% début janvier, on va en retrouver 30% fin janvier. Ce serait très inquiétant. Mais c'est très peu probable», estime le Pr Lina. «Et si jamais ça arrive, c'est qu'à un moment donné, on a raté le contrôle de la circulation de ce virus.»

Outre-Manche, la mutation a mis environ deux à trois mois à monter en puissance. «Légitimement, on peut penser que l'expansion du virus prendra le même temps en France. Si on ne fait rien».

Une chose est sûre: «Ce virus est là. Il circule et va inexorablement augmenter par rapport aux autres virus. Ce n'est pas la présence de ce variant qui explique la reprise épidémique. C'est très clair, celle que l'on voit aujourd'hui n'est pas dû à ce 1,4% des virus détectés.»

Et le virus britannique «n'est ni plus dangereux, ni plus pathogène mais il est plus transmissible», rappelle-t-il. 

Injection complémentaire

Une mutation du virus peut-elle remettre en cause l'efficacité des vaccins anti-Covid-19 ?

Cela ne semble pas être le cas avec le britannique, qui n'est «pas un variant antigénique mais un variant de comportement». 

En revanche, «avec les variants sud-africain et brésilien, retrouvé aussi au Japon, il y a un signal comme quoi l'immunité ne protègerait pas parfaitement. Cela voudrait dire que l'efficacité des vaccins actuels pourrait être moins bonne».

Mais, rassure le Pr Lina, «les vaccins à ARN messager sont faciles à faire évoluer rapidement, en quelques semaines».

Dans ce cas, il suffirait «d'une vaccination complémentaire pour le nouveau variant, avec une seule dose pour des personnes déjà vaccinées. On a de la ressource», assure-t-il.

Le Premier ministre Jean Castex a affirmé jeudi que la situation en France de l'épidémie était «maîtrisée» mais «fragile».

Le professeur Bruno Lina au laboratoire de l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, le 14 janvier 2021

Un chercheur du laboratoire de l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon, le 14 janvier 2021 où sont étudiés les variants du virus

Des chercheurs étudient des échantillons du virus pour détecter des variants, au laboratoire de l'hôpital de la Croix Rousse, à Lyon, le 14 janvier 2021

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