France Un prêtre orthodoxe blessé par balle à Lyon

ATS

31.10.2020 - 22:06

Un prêtre orthodoxe a été blessé par balle samedi alors qu'il fermait son église.
Un prêtre orthodoxe a été blessé par balle samedi alors qu'il fermait son église.
Source: KEYSTONE/EPA/MAXIME JEGAT

Un prêtre orthodoxe grec a été grièvement blessé par balles samedi après-midi à Lyon alors qu'il fermait son église. Un suspect a été interpellé.

Le procureur de la République de Lyon Nicolas Jacquet a annoncé samedi l'interpellation d'un suspect après l'agression par balles d'un prêtre orthodoxe de la ville du centre-est de la France. Il a indiqué qu'«à ce stade aucune hypothèse n'est écartée, ni privilégiée».

«Une personne pouvant correspondre au signalement donné par les premiers témoins a été placée en garde à vue», a indiqué le magistrat, précisant toutefois que le suspect n'était pas porteur d'une arme au moment de son interpellation. «Les vérifications se poursuivent sur son éventuelle implication», a-t-il ajouté dans un court communiqué.

«Vers 16 heures, des riverains et une patrouille de la police municipale entendaient deux détonations aux abords de l'église hellénique orthodoxe située dans le 7ème arrondissement de Lyon», a communiqué le parquet de Lyon en début de soirée. Sur place, «ils apercevaient un individu qui prenait la fuite et découvraient au niveau de la porte arrière de l'église un homme blessé par balles qui s'avérait être l'archiprêtre du lieu de culte», a poursuivi le parquet.

Etant donné la proximité temporelle avec l'attentat de Nice où trois personnes ont été tuées jeudi au couteau dans la basilique par un jeune Tunisien islamiste, le parquet a précisé qu'une enquête pour «assassinat» était ouverte. A ce stade «aucune hypothèse n'est écartée, ni privilégiée», a-t-il ajouté.

Le parquet de Lyon «reste en contact étroit avec le Parquet national anti-terroriste» qui n'est pas saisi pour le moment. Certaines sources policières invitaient d'ailleurs à la «prudence sur le motif de l'agression».

Gravement blessé

Le prêtre était «en train de fermer son église» au moment des faits, qui se sont déroulés à l'intérieur du lieu de culte. Il n'y avait pas de cérémonie» en cours et «le prêtre n'était pas en tenue», a-t-on appris de sources proches de l'enquête.

Nikolaos Kakavelakis, âgé de 52 ans, visé par deux coups de feu, a été atteint «au foie et à bout touchant». Il se trouve dans un état grave et a été hospitalisé. L'arme, un fusil à canon scié, n'a pas été retrouvée.

L'Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF) ne peut que «condamner ces actes de violence qui attentent à la vie et propagent un climat général d'insécurité» et «attend les résultats» de l'enquête confiée à la police judiciaire.

«Horreur»

Le chef de l'Eglise de Grèce Mgr Iéronymos a dénoncé samedi l'attaque, la qualifiant d'«horreur qui dépasse la logique humaine». Il a déploré à l'Agence de presse grecque Ana «qu'une religion puisse armer les mains des terroristes aveuglés par la haine.»

Mgr Iéronymos a estimé que «des extrémistes intolérants et fanatiques, des intégristes de la violence et de la mort se servent de la religion, l'utilisant comme une balle qui vise au coeur de la liberté et surtout de la liberté de croyance d'autrui». Il a dénoncé tous ceux qui «se servent de la religion comme d'une arme pour éliminer tout avis différent» et «comme couteau qui massacre les droits de l'homme».

Pour sa part, le ministère grec des affaires étrangères a dénoncé sur Twitter «l'attentat contre un membre du clergé orthodoxe d'origine grecque, près de l'église de l'Annonciation de la Vierge à Lyon». Les autorités grecques sont «en contact avec les autorités françaises compétentes», a indiqué le ministère.

Selon un journaliste de l'AFP sur place, la petite église de style art déco, ornée d'une mosaïque de l'Annonciation, est installée dans un quartier résidentiel, avec très peu de gens dans les rues en ce premier week-end de reconfinement.

A l'arrière du lieu de culte, un camion de pompiers pour assurer un poste de commandement était visible peu après l'agression, tandis que des militaires de l'opération Sentinelle assuraient un périmètre de sécurité.

Cellule de crise

Le maire de Lyon Grégory Doucet s'est félicité sur place de la rapidité de l'intervention de la police municipale, qui a pris en charge la victime, et de la bonne coordination avec les autres forces de sécurité. A Paris, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ouvert une cellule de crise place Beauvau, où devait le rejoindre le Premier ministre.

«Je dois vous dire que vous devez compter sur l'entière détermination du gouvernement pour permettre à tous et à chacun de pratiquer son culte en toute sécurité et en toute liberté», a réagi Jean Castex, en déplacement à Saint-Etienne-du-Rouvray où avait été assassiné en 2016 le père Hamel. Il s'y était rendu pour échanger avec la communauté catholique et s'assurer du renforcement du dispositif Sentinelle depuis l'attentat de Nice.

Ce nouvel événement touchant un lieu de culte en France a été condamné comme un «acte abominable» par le président du Conseil européen, Charles Michel, pour qui «la liberté de conscience en Europe est garantie pour tous et doit être respectée». Alors que les motivations de l'agresseur sont encore inconnues, le président du Parlement européen, David Sassoli, a parlé d'un «nouvel attentat», ajoutant que «l'Europe ne se pliera jamais à la violence et au terrorisme».

Exception pour la Toussaint

Le gouvernement a laissé une dérogation jusqu'à lundi inclus aux lieux de culte pour célébrer la Toussaint, malgré l'imposition d'un reconfinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.

Après l'attentat de Nice, Emmanuel Macron a annoncé le passage de 3000 à 7000 soldats pour l'opération Sentinelle afin de protéger les lieux de culte et les écoles. A cela viennent s'ajouter quelque 7000 membres des forces de l'ordre, dont pour moitié des gendarmes réservistes, qui seront mis dès lundi à disposition des préfets pour assurer la sécurité.

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