Les manifestants pro-démocratie hongkongais, arrêtés pour avoir bravé l'interdiction du masque, ont comparu devant un tribunal après un week-end d'affrontements sanglants avec la police. Des actes de vandalisme ont également laissé le réseau de métro paralysé.
L'ex-colonie britannique a été secouée par trois jours consécutifs de flashmobs et d'actions non autorisées après la décision de la cheffe de l'exécutif de Hong Kong Carrie Lam d'invoquer une loi d'urgence pour interdire aux manifestants de dissimuler leur visage.
Cette mesure, annoncée vendredi, a mis le feu aux poudres et des dizaines de milliers de personnes ont bravé l'interdiction tout le week-end en manifestant avec un masque sur le visage.
Lundi matin, deux premières personnes à être jugées pour avoir enfreint cette interdiction, un étudiant et une femme de 38 ans, ont comparu devant un tribunal de Hong Kong. La salle était remplie de militants qui, pour la plupart, portaient un masque facial.
Loi «injuste»
Les deux prévenus ont été accusés de rassemblement illégal, un fait passible de trois ans d'emprisonnement, et d'avoir enfreint l'interdiction de porter un masque dans les rassemblements publics, qui prévoit une peine maximale d'un an de prison. Tous deux ont été libérés sous caution.
A l'extérieur du tribunal, des manifestants scandaient des slogans comme «Porter un masque facial n'est pas un crime» et «la loi est injuste». Beaucoup d'opposants à cette interdiction redoutent qu'elle ne soit que le prélude à l'adoption de nouvelles mesures d'urgence par les autorités.
Du côté de Pékin lundi, l'heure était à l'indignation après un tweet vendredi du manager de l'équipe de basket américaine des Houston Rockets soutenant les Hongkongais.
De plus en plus violent
Hong Kong est secouée depuis trois mois par des manifestations pro-démocratie de plus en plus violentes. Les contestataires dénoncent la mainmise grandissante de Pékin sur les affaires de la région semi-autonome et les agissements de la police.
La contestation avait démarré en juin contre un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été abandonné début septembre, trop tard aux yeux de manifestants. Depuis le 1er octobre, le mouvement de colère s'est intensifié.
Les pires échauffourées jusqu'ici ont eu lieu le 1er octobre, alors que la Chine populaire fêtait son 70e anniversaire: pour la première fois, un policier a tiré à balle réelle sur un étudiant de 18 ans, le blessant grièvement.
Métro toujours très perturbé
Tout au long du weekend, des dizaines de milliers de Hongkongais ont participé à des rassemblement spontanés ou des marches pacifiques, à travers tout le territoire.
Des groupuscules radicaux ont cependant vandalisé vendredi soir de nombreuses stations de métro, saccagé des bureaux du gouvernement et s'en sont pris à des entreprises ayant des liens avec la Chine, notamment des banques chinoises.
Lundi, jour férié à Hong Kong, de nombreuses stations de métro demeuraient fermées et le réseau restait en grande partie perturbé, obligeant les 7,5 millions d'habitants, très dépendants du métro, à s'armer de patience pour trouver un autobus ou un taxi.
Dimanche, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de milliers de personnes qui manifestaient sur l'île de Hong Kong. Des échauffourées ont également éclaté dans de nombreux quartiers de la ville tout au long de la journée.
Un chauffeur de taxi a été battu jusqu'au sang dans le quartier de Sham Shui Po après avoir heurté deux manifestantes avec son véhicule. Une femme, restée coincée entre le taxi et un magasin, a été blessée, et un adolescent de 14 ans a été blessé par un policier en civil au cours des manifestations.
Drapeau jaune
Un drapeau jaune de mise en garde a été, pour la première fois, hissé sur le toit d'une caserne de l'Armée populaire de libération après que des manifestants eurent pointé leurs stylos laser sur le bâtiment.
La loi d'urgence invoquée par Carrie Lam date de 1922, quand Hong Kong était une colonie britannique, et n'avait plus été utilisée depuis 1967.
Elle autorise l'exécutif à prendre «n'importe quelle mesure», sans feu vert du corps législatif, en cas de situation d'urgence ou de danger pour la population.
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