Harcèlement sexuel Lourde peine pour Harvey Weinstein

ATS

11.3.2020 - 17:26

Harvey Weinstein lors de son procès en février.
Harvey Weinstein lors de son procès en février.
Source: KEYSTONE/AP/Mary Altaffer

L'ex-producteur de cinéma Harvey Weinstein, reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle, a été condamné mercredi à 23 ans de prison. Il s'agit d'une peine très lourde notamment compte tenu de son âge (67 ans).

La sentence prononcée par le juge de Manhattan James Burke est proche du maximum prévu, soit 29 ans, pour les deux chefs d'accusation dont Harvey Weinstein a été déclaré coupable le 24 février. Les avocats de l'ancien magnat d'Hollywood avaient demandé une peine de cinq ans, soit le minimum légal selon les textes de l'Etat de New York.

«Compte tenu de son âge, toute peine supérieure au minimum légal (...) équivaudrait à une condamnation à perpétuité», avaient-ils écrit. Les avocats avaient fait valoir que, depuis octobre 2017, leur client avait perdu sa femme, qui l'a quitté, son emploi, sa société et faisait encore face à des manifestations d'hostilité constantes.

La défense avait mentionné aussi ses deux jeunes enfants, de six et neuf ans. «Il se pourrait que je ne revoie jamais mes enfants», a dit mercredi Harvey Weinstein, qui s'exprimait pour la première fois depuis le début du procès. Il s'est présenté en victime du mouvement #MeToo. «J'étais le premier exemple et maintenant, il y a des milliers d'hommes accusés», a-t-il dit, se disant «inquiet pour ce pays».

Face aux victimes

En face, il y avait les victimes, les six femmes à avoir témoigné au procès, qui se tenaient côte à côte au premier rang, une image marquante de ce procès. Deux d'entre elles, Mimi Haleyi et Jessica Mann, dont l'agression a mené à la condamnation d'Harvey Weinstein, se sont adressées au juge avant qu'il n'annonce sa décision.

«L'incident avec Harvey Weinstein a changé le cours de ma vie», a expliqué Mimi Haleyi, qui a dû s'interrompre, en pleurs, avant de reprendre son allocution. «Il a détruit une partie de moi.»

«J'espère que (la peine) sera suffisamment longue pour qu'il prenne conscience de ce qu'il a fait, à moi et à d'autres, et se repente vraiment», a conclu l'ancienne assistante de production, agressée sexuellement par le producteur en 2006.

«Rendre des comptes»

«Je suis contrainte de porter le poids de cette expérience jusqu'à ma mort», a dit ensuite Jessica Mann, évoquant l'homme qui lui «a volé (son) corps» et a «finalement dû rendre des comptes».

«Aujourd'hui, je n'ai pas honte», a poursuivi l'ancienne aspirante actrice qui a été violée par Harvey Weinstein. «J'ai pu m'exprimer. Il n'y a plus de monstres dans mon placard.»

La procureure Joan Illuzzi-Orbon, qui a mené l'accusation durant le procès, n'avait pas demandé de peine précise, sollicitant du juge une peine qui reflète «la gravité des crimes du condamné, son absence totale de remords (...) et la nécessité de le dissuader, lui et d'autres, de commettre de nouveaux crimes».

A l'audience, mercredi, elle a de nouveau rendu hommage aux victimes qui ont témoigné lors du procès. Sans elles, Harvey Weinstein «n'aurait jamais pu être stoppé». Elle a souligné «l'absence d'empathie» et «l'égoïsme» du producteur indépendant.

Appel prévu

Harvey Weinstein n'a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties avec les femmes qui l'accusent et, de fait, n'a exprimé aucun remord ni présenté d'excuses.

Les avocats d'Harvey Weinstein ont déjà indiqué que leur client ferait appel de la condamnation, ce qui ne l'empêchera pas d'être placé immédiatement en détention.

Pour le mouvement #MeToo, que l'affaire Weinstein a fait naître, la victoire est déjà certaine. Elle s'est jouée avec le verdict de culpabilité, même si le jury l'a disculpé de trois des cinq chefs d'accusation, les plus sérieux.

M. Weinstein doit encore répondre d'une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

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