La gauche et le RN, majoritaires à l'Assemblée nationale française, ont échoué jeudi à faire voter une loi visant à abroger la réforme des retraites. Les débats houleux ont été marqués par de multiples rappels au règlement et suspensions de séance, ainsi qu'un incident entre députés qui a provoqué l'intervention des huissiers.
«La macronie est finie et [...] le premier vote pour abroger réellement la réforme de la retraite à 64 ans, il est mercredi prochain, lors de la censure qui permettra à la fois de faire tomber le gouvernement Barnier, mais aussi de défaire cette retraite à 64 ans dont personne ne veut», a réagi la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, à l'issue des débats.
La France insoumise avait placé en tête des textes une proposition de loi visant à abroger la réforme de 2023 qui a reculé l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Mais le texte n'a pu être voté, en raison de centaines d'amendements déposés par la coalition gouvernementale afin de ralentir les travaux qui devaient nécessairement se terminer à minuit.
La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, dont le groupe avait proposé un texte similaire, a dénoncé sur le réseau social X des «manoeuvres d'obstruction» à travers lesquelles «la macronie a fait ce soir un bras d'honneur au débat démocratique». Mais elle s'en est aussi prise à la gauche, qui avait refusé de voter le texte du RN, «par pur sectarisme».
«Défaite cinglante»
En fin d'après-midi, les partisans de l'abrogation ont remporté une victoire symbolique: ils ont repoussé par 241 voix contre 100 des amendements par lesquels leurs collègues du «socle» gouvernemental voulaient vider le texte de sa substance.
Cette «défaite cinglante pour le camp présidentiel» prouve qu'"il y a une majorité à l'Assemblée nationale et dans le pays pour l'abrogation», s'est félicitée sur X la députée LFI Clémence Guetté.
La tension est montée crescendo dans l'hémicycle tout au long de la journée, avec en point d'orgue vers 22h00 un incident provoqué par le député MoDem Nicolas Turquois, venu se plaindre auprès d'un député socialiste des menaces et insultes reçues par sa famille en raison de son opposition à la réforme des retraites. «Ma famille a été menacée! Et ce sont des personnes de ton village!», aurait lancé M. Turquois à Mickaël Bouloux, selon Le Figaro. Le président du groupe MoDem Marc Fesneau est intervenu, ainsi que des huissiers, avant que M. Turquois ne quitte l'hémicycle.
Rapporteur du texte, le député LFI Ugo Bernalicis a promis devant la presse que le texte reviendrait dans l'hémicycle, invitant un autre groupe du NFP à «le reprendre». «Ce qui est sûr, c'est que cette réforme sera abrogée, la question, c'est juste quand», a-t-il martelé.
ATS