Prix de départ: 119.999 dollars Bloqués depuis 4 mois, les passagers d'une croisière de luxe s'apprêtent à prendre la mer

AFP

27.9.2024

Des centaines de passagers d'un navire de croisière de luxe bloqué depuis quatre mois à Belfast en raison de problèmes techniques, s'apprêtent enfin à prendre la mer d'ici quelques jours, avec un sentiment «doux-amer» au moment de dire adieu à l'Irlande du Nord.

Au lieu de lever l'ancre pour des latitudes ensoleillées, le bateau n'a jamais quitté la pluie de Belfast et le chantier naval Harland and Wolff.
Au lieu de lever l'ancre pour des latitudes ensoleillées, le bateau n'a jamais quitté la pluie de Belfast et le chantier naval Harland and Wolff.
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Ce paquebot devait quitter le port le 30 mai pour un tour du monde de trois ans et demi «en suivant le soleil». Mais sa certification et des réparations ont pris plus de temps que prévu.

Après avoir réussi certains tests en septembre, le navire, baptisé Odyssey, devrait finalement prendre la mer «sous sept jours» pour son voyage inaugural, a indiqué mercredi à l'AFP l'agence maritime Hamilton Shipping Port Services.

«C'est un sentiment doux-amer: j'ai adoré être à Belfast, mais nous essayons de faire cette croisière depuis si longtemps, il est temps que nous partions - ce week-end je l'espère», a confié à l'AFP Randy Cassingham, un écrivain américain de 65 ans.

Celui-ci ne «s'attendait certainement pas à rester quatre mois» à Belfast. Il avait l'autorisation de passer la journée sur le bateau mais a dû louer un appartement avec sa femme Kit pour dormir, en attendant le départ.

Le prix de départ : 119.999 dollars

Pour s'offrir une place sur ce navire, qui doit les amener sur tous les continents avec 425 escales dans 147 pays, certains des 600 passagers ont vendu leurs maisons et tous leurs biens.

Propriété de la société américaine Villa Vie Residences, l'Odyssey, se présente comme une «résidence flottante» et une «croisière sans fin, qui peut commencer dans n'importe quel port», avec la possibilité pour les passagers de louer mais surtout d'acheter une cabine pour des voyages en illimité.

Le prix de départ: 119.999 dollars (107.300 euros) à l'achat, sans compter les frais mensuels.

Mais au lieu de lever l'ancre pour des latitudes ensoleillées, le bateau n'a jamais quitté la pluie de Belfast et le chantier naval Harland and Wolff, qui a construit le Titanic il y a plus de 100 ans.

«Notre amitié s'est transformée en histoire d'amour»

«Nous n'avons pas de maison où retourner, alors nous sommes restés à Belfast», résume Randy Cassingham.

«Le temps a été un peu maussade, d'autant plus que l'été a été froid, plus que d'habitude (...) mais nous sommes tous les deux du Colorado donc ça ne nous a pas vraiment dérangés», commente-t-il avec philosophie.

Certains passagers, qui sont pour la plupart Américains, ont profité de ces quatre mois d'attente pour explorer l'Irlande du Nord, l'Europe, et quelques-uns ont même embarqué sur d'autres croisières.

Kit Cassingham, 69 ans, a décidé de relier à pied les villes de Belfast et Londonderry - souvent appelée Derry -, une marche d'une centaine de kilomètres pour découvrir la région et prouver que les passagers du navire n'étaient pas «bloqués».

«Ce n'est pas tellement que j'ai hâte de partir d'ici, la campagne et les habitants d'Irlande du Nord ont été merveilleux, c'est plutôt que je suis impatient d'embarquer pour découvrir la prochaine destination», souligne Richard Namikas, un passager qui s'est joint à Kit pour sa randonnée.

Même si Villa Vie Residences n'a pas donné de date à l'AFP, le départ est annoncé comme imminent et les voyageurs sont revenus un à un à Belfast, prêts à prendre la route des Açores puis à traverser l'Atlantique en direction des Caraïbes.

Gian Perroni, un Canadien de 62 ans, est accompagné de sa fiancée Angela Harsanyi, 53 ans... une autre passagère qui attendait comme lui le départ de l'Odyssey, et qu'il a rencontrée en se promenant dans Belfast cet été.

«Notre amitié s'est renforcée et rapidement transformée en histoire d'amour. Nous sommes complètement en phase, et nous n'imaginons pas passer notre vie avec quelqu'un d'autre», assure-t-il à l'AFP.

Le couple prévoit de se marier quelque part entre le Panama et le Costa Rica, où Gian Perroni a vécu ces six dernières années avant de vendre sa maison pour rejoindre la croisière.

«C'est comme si notre lune de miel était déjà organisée avant même notre rencontre», se réjouit-il.