Multiplication des sanctions L'économie russe frappée par une série de sanctions

ATS

28.2.2022 - 20:23

Fermeture des espaces aériens, gel d'avoirs de personnalités ou d'entreprises, remise en question de liens financiers ou commerciaux: depuis le début des hostilités en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les annonces de sanctions économiques de plus en plus sévères contre Vladimir Poutine, ses proches, ainsi que l'économie russe. Etat des lieux.

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KEYSTONE/EPA/ANATOLY MALTSEV

Le secteur financier

Il est sans doute celui qui est privilégié par les Occidentaux dans la recherche de sanctions effectives contre la Russie, afin de limiter les capacités de financement de la guerre. Dernier exemple en date: la décision britannique lundi de geler les actifs de l'ensemble des actifs des banques russes au Royaume-Uni.

Autre coup sévère porté au système financier russe: l'exclusion des principales banques du pays du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale permettant de communiquer rapidement et de manière sécurisée au sujet de transactions.

Les Etats-Unis et l'UE sont allés encore plus loin en visant directement la banque centrale russe, avec une interdiction à partir de ce jour de toute transaction avec l'institution monétaire russe, immobilisant de fait les actifs qu'elle détient aux Etats-Unis, limitant du même coup sa capacité à utiliser ses importantes réserves de devises pour acheter du rouble et soutenir le cours de sa monnaie. Le Canada et le Japon ont annoncé une interdiction similaire.

Les sanctions visant le secteur financier russe ont déjà des conséquences importantes: la chute brutale du cours du rouble, qui a forcé la banque centrale russe à rehausser fortement son taux directeur, ainsi que la possible faillite de la filiale européenne de Srerbank, parmi les plus grandes banques russes.

Les transports

Le secteur aérien a été l'un des premiers concernés par les conséquences économiques du conflit ukrainien. La compagnie russe Aeroflot s'est vue interdire l'espace aérien de l'ensemble de l'Union européenne, du Royaume-Uni ainsi que du Canada, l'obligeant à annoncer une suspension de ses vols vers ces destinations. En contrepartie la Russie a interdit les compagnies aériennes des pays correspondants de survoler son territoire.

Mais c'est plus largement l'ensemble de l'industrie aéronautique russe qui est visée: l'UE et le Canada ont ainsi interdit l'exportation vers la Russie d'avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale.

Le transport maritime n'est pas non plus épargné: le Royaume-Uni a ainsi fermé l'ensemble de ses ports aux navires battant pavillon russe mais également affrétés ou détenus par des Russes. Samedi, la France a intercepté un cargo russe appartenant à la banque PSB, visée par les sanctions européennes.

Enfin, le constructeur suédois de poids lourds Volvo Group a annoncé lundi l'interruption et la production de son usine russe ainsi que les ventes à destination de ce pays.

L'énergie

La décision la plus symbolique est venue d'Allemagne, avec l'annonce de la suspension du gazoduc Nord Stream 2, dont le processus d'homologation était en cours et devait permettre d'augmenter les livraisons de gaz russe à destination de l'Allemagne.

S'attaquer directement au secteur énergétique russe est cependant plus compliqué pour les Occidentaux, au premier rang desquels les européens. La Russie est le premier producteur mondial de gaz et le second producteur de pétrole et plusieurs pays européens, au premier rang desquels l'Allemagne et l'Italie sont fortement dépendants des importations russes.

Gazprom, le géant russe du gaz, fait cependant partie des entreprises qui n'ont plus la possibilité de lever des fonds sur les marchés financiers occidentaux.

L'industrie

Vendredi, le Japon a annoncé des sanctions concernant l'exportation de semi-conducteurs et autres articles vers «les organisations russes liées à l'armée», sans donner plus de précision. Une mesure importante, dans la mesure où le Japon est, avec la Corée du Sud et Taïwan, un des principaux producteurs de ces composants électroniques essentiels à une large gamme de productions industrielles.

Les Etats-Unis avaient eux-même annoncé des restrictions dans l'utilisation par la Russie de leurs technologies, dans divers domaines dont les processeurs et puces électroniques fabriqués par Nvidia, Intel ou Qualcomm, principaux fournisseurs en la matière.

Bien qu'en retrait dans la production, les pays européens réfléchissent à des sanctions similaires. Le britannique ARM domine notamment le marché essentiel de l'architecture des semi-conducteurs, un élément essentiel dans la production de ces composants.

Les personnalités

Plusieurs personnalités russes étaient déjà visées par des sanctions européennes et américaines après l'annexion de la Crimée en 2014 mais ces dernières ont été élargies à un plus grand nombre de décideurs russes, au premier rang desquels Vladimir Poutine lui-même, son Premier ministre Mikhail Michoustine et son ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov.

L'UE a annoncé jeudi viser 23 personnalités «de premier plan» ainsi que 351 membres de la Douma, le Parlement russe, avant d'y ajouter vendredi le président russe et M. Lavrov. Une décision similaire à été prise par le Royaume-Uni concernant MM. Poutine et Lavrov, ainsi que plusieurs oligarques russes, parmi lesquels le propriétaire du Chelsea Football Club, Roman Abrahamovitch.

Pour les personnes visées, ces sanctions incluent l'interdiction de se rendre dans les pays européens ainsi que le gel de leurs avoirs qui y sont présents.

Les Etats-Unis, le Canada, la Suisse et l'Australie ont pris des mesures similaires, mais la liste des personnes concernées peut varier d'un pays à l'autre, à l'exception du cercle de décision proche de Vladimir Poutine.