Julie Meletta sort « CHIC ! » «Dans ma tête c'est le chaos tout le temps!»

Valérie Passello

24.5.2023

Le nouvel EP de l'artiste suisse Julie Meletta, « CHIC ! », est sorti le 19 mai. À travers son style pop, à la fois moderne et vintage, teinté d'influences yé-yé des années 1970, elle nous emmène dans un univers coloré qui lui est propre. Rencontre.

Julie Meletta:

Julie Meletta: "Si tu arrives à communiquer avec les gens, c'est magique"

L'artiste suisse Julie Meletta sort son nouvel EP: "CHIC!". Interview pour blue News.

24.05.2023

Valérie Passello

24.5.2023

Elle est née et a grandi au Tessin, mais Julie Meletta est le fruit d'un joli mélange de couleurs culturelles. Grand-père chinois, mère française, père Suisse-italien: tout était réuni pour que ses horizons musicaux soient larges. 

L'auteure-compositrice et interprète s'est servie de toutes ses influences pour se construire une bulle musicale, à découvrir dans son EP « CHIC ! ». Cinq mélodies légères et dansantes sur lesquelles celle qui a étudié les lettres et la philosophie à l'Université pose des mots forts et profonds. Elle répond aux questions de blue News.

Dans une chanson, «il faut toujours qu'il y ait un peu de lumière quelque part», affirme Julie Meletta.
Dans une chanson, «il faut toujours qu'il y ait un peu de lumière quelque part», affirme Julie Meletta.
Mia Gianini

Quand on écoute ta musique, elle semble légère et dansante, mais en prêtant attention aux paroles, on s'aperçoit qu'elles sont bien plus profondes qu'il n'y paraît. Tu aimes jouer avec les paradoxes?

Pour moi, le contraste est important. Si je parle de quelque chose qui m'angoisse, je ne vais pas mettre une musique angoissante en-dessous, car je ne veux pas que ça soit trop lourd. J'ai envie d'amener une clé de lecture différente. Oui, il y a des situations qui sont difficiles; par exemple, le titre «CHIC !» parle d'insomnie, mais il ne faut pas trop se prendre au sérieux.

Il faut toujours qu'il y ait un peu de lumière quelque part. Ecrire des choses fortes sur une musique qui est légère, ça me donne aussi de l'espoir pour l'avenir. En fait, c'est une philosophie de vie: reconnaître qu'il existe des difficultés, mais savoir se dire qu'il y a toujours une solution, même si on ne la voit pas tout de suite.

Que veux-tu transmettre à ton public?

Avant tout j'aimerais bien entrer en empathie avec les gens. Pour moi, chaque chanson est comme un morceau de journal intime. À chaque fois je parle de situations qui sont des obstacles pour moi. Ce que je vis n'a rien d'exceptionnel, ce sont des choses que tout le monde vit. Et si quelqu'un me dit: «Quand j'écoute ta chanson, je comprends ce que tu veux dire, car moi aussi j'ai vécu ça et ça me donne de l'espoir», alors j'ai atteint mon but. Réussir à me connecter.

D'ailleurs ton public, c'est qui?

J'ai à peine commencé à faire des exhibitions live. Donc pour le moment, ce sont surtout des gens qui écoutent ma musique à la radio. Et ce sont aussi des personnes qui m'écrivent sur les réseaux sociaux. La musique est un lien, un moyen de dialoguer et aussi une manière de raconter des histoires. Elle permet de ne pas se sentir seul.

Tu as reçu un prix littéraire durant tes études en Lettres et Philosophie à l'Université de Fribourg. Or, une chanson, c'est un texte très condensé. Ce n'est pas un peu frustrant d'écrire des chansons, n'est-ce pas trop court?

Non, au contraire! Quand j'étais petite, je voulais devenir écrivain. J'adore écrire, mais seulement, quand je commence, je me perds. J'ai trop d'histoires, trop de personnages. Alors qu'une chanson, c'est plus structuré: tu sais où tu commences, tu sais où tu dois finir. Comme dans ma tête, c'est le chaos tout le temps, d'avoir une structure, c'est rassurant pour moi. Une chanson va mettre de l'ordre dans ce chaos que je ressens (rires).

Quels sont les artistes qui te parlent le plus?

Ouh là, il va falloir que j'ouvre le livre (rires)! Comme je suis à moitié française -car ma mère est parisienne- j'ai écouté beaucoup de chanson française, notamment de la période des yé-yé, des années 1970. Dans mon enfance, j'écoutais Serge Gainsbourg, France Gall, Brigitte Bardot, Françoise Hardy...

Mon père, c'était plutôt les Beatles. Et eux, je les ai surtout découverts à l'adolescence: je suis vraiment tombée amoureuse de chaque phase de leur parcours. Mais je m'intéresse aussi à la musique actuelle, comme Taylor Swift, Mark Ronson ou Miley Cyrus. 

À la fois moderne et vintage, tu fais un peu figure d'Ovni dans le paysage musical actuel. C'est une volonté?

Je voulais vraiment apporter mes influences dans ma musique, ça fait partie de moi. La chanson française me fait me sentir à la maison, même si j'ai grandi au Tessin. Certaines sonorités m'appartiennent, parce que je les ai intériorisées. Et pour moi, la musique doit être honnête.

Tu en es au début de ton parcours, à quoi rêves-tu?

Avant tout j'aimerais arriver à amener ma musique un peu partout en Suisse. On est un petit pays, mais il y a beaucoup de cultures différentes. J'ai déjà des dates prévues en Suisse romande et en Suisse italienne et j'aimerais bien me concentrer sur la Suisse-allemande à l'avenir, pour découvrir ce territoire qui reste à explorer pour moi. Et puis le marché français est aussi un but que j'aimerais bien atteindre. Mais je dois encore apprendre comment ça marche.