Le chanteur Christophe en décembre 2002 à Paris
Le chanteur Christophe sur la scène du cinéma Le Grand Rex en mars 2003 à Paris
Décès de Christophe: Jean-Michel Jarre perd «un membre» de sa «tribu»
Le chanteur Christophe en décembre 2002 à Paris
Le chanteur Christophe sur la scène du cinéma Le Grand Rex en mars 2003 à Paris
«Je perd un membre de ma tribu», s'est désolé auprès de l'AFP le compositeur Jean-Michel Jarre, après le décès du chanteur Christophe.
Jeune parolier, Jean-Michel Jarre avait écrit les textes de deux albums majeurs de Christophe – et leurs morceaux phares – «Les Paradis Perdus», en 1973 et «Les Mots bleus», en 1974.
Que ressentez-vous à l'annonce de cette disparition?
«C'est une grande tristesse. Je perds un membre de ma tribu. C'était un des plus grands chanteurs français. On pense toujours que les gens qu'on aime sont éternels, et il l'est d'une certaine façon avec ses chansons. Et on ne peut pas lui dire au revoir à cause de ce putain de virus. C'est absurde, il est parti à Brest (où il était hospitalisé)... Je n'ai rien contre cette ville, mais ce n'était pas lui, pas son histoire. Lui c'était la Méditerranée, il faisait du bateau. C'était Tanger».
Quelle image retenez-vous de lui?
«Il avait un côté acteur, dans la vie, sur scène. Il avait ses bottes de cowboy, un côté Capitaine Crochet (rires). C'était un personnage unique. Il avait une fantaisie qu'on ne retrouve plus aujourd'hui. C'était un joueur de poker. Un joueur de pétanque aussi. Il aurait pu être un pro de la pétanque (rires). Il avait une innocence d'enfant aussi. Et il vivait confiné avant l'heure (rires).
Quand on travaillait ensemble, on passait les nuits en studio, pendant 3-4 mois, à la recherche du son ultime. C'était plus qu'un chanteur, c'était un couturier de la chanson. Il avait aussi un rapport unique au langage, si vous avez parlé avec lui, vous avez entendu ce côté saccadé, ces silences.... J'avais vraiment écrit les "Mots Bleus" en pensant à ça, c'est tellement lui. Les chansons pour lui étaient comme des biographies fantasmées.
Quand on s'est rencontrés, par l'intermédiaire d'un producteur commun, on s'est rendu compte qu'on aimait tous les deux le cinéma italien, le cinéma américain. Et la magie. Pour son premier Olympia, que j'avais mis en scène, il y a avait un numéro de piano volant, sur le morceau «Emporte moi», un numéro qui lui foutait les jetons d'ailleurs (rires).
Quand j'ai retravaillé plus récemment avec lui, on avait fini une chanson dans son studio la nuit des attentats du Bataclan, un souvenir fort...»
Quand l'aviez-vous vu pour la dernière fois?
«Avant Noël. Il préparait son concert au Grand Rex à Paris, où il devait jouer fin mars. Il m'avait vendu deux chaises de studio, en me disant "j'te fais un prix" (rires). C'était un chineur, aussi».
Propos recueillis par Philippe Grelard
Retour à la page d'accueil