Actu people Décès à Dubaï de Sindika Dokolo, le mari congolais de la milliardaire angolaise Isabel Dos Santos

AFP

30.10.2020 - 22:39

Amour, argent, pouvoir et tragédie: l'homme d'affaires congolais Sindika Dokolo, époux de la milliardaire Isabel Dos Santos, femme la plus riche d'Afrique et fille de l'ancien président de l'Angola, est décédé jeudi à Dubaï, alors que le couple se trouvait en pleine tourmente judiciaire.

«La famille Dokolo, sa femme, ses enfants, sa mère, son frère et ses sœurs ont la plus profonde tristesse et une immense tristesse d'annoncer le décès de Sindika Dokolo, survenu le 29 octobre 2020 à Dubaï. Nous remercions tous ceux qui ont exprimé leur sympathie et leur gentillesse et qui partagent notre chagrin», peut-on lire sur le compte twitter du défunt.

Sindika Dokolo, 48 ans, est mort d'un accident de plongée à Dubaï, d'après les messages de condoléances et les hommages qui lui ont été rendus en RDC.

Il était marié depuis 2002 à la «princesse» Isabel Dos Santos, femmes d'affaires et fille de l'ancien président angolais José Eduardo Dos Santos.

Ces habitués du festival de Cannes, des plages privées de Saint-Tropez et des palaces de Londres forment le «premier couple d'oligarques africains», selon l'expression d'un journaliste en 2017.

A la tête de la société publique pétrolière Sonangol vers la fin du long règne de son père (1979-2017), Isabel a multiplié les investissements dans la téléphonie, les mines de diamants, la banque, l'immobilier… dans son pays et au Portugal.

Dans l'ombre de sa femme, Sindika Dokolo cultive une image de dandy élégant, accessible et juvénile, avec des lunettes qui lui donnaient un air d'éternel étudiant.

Homme d'affaires et mécène, collectionneur d'arts africains dont il faisait la promotion, il avait organisé en septembre 2019 une exposition intitulée «Incar-Nations» au palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

Mais avec l'arrivée au pouvoir en Angola de Joao Lourenço en 2017, les nuages se sont amoncelés sur le couple people du continent.

Début 2020, le couple a vu ses avoirs gelés en Angola par la justice qui les accuse d'enrichissement illicite et de blanchiment d'argent.

- «Personnalités exposées politiquement» -

Peu avant, une somme considérable de 715.000 documents confidentiels ayant fuité dans la presse – les «Luanda leaks» – avaient été exploités par un consortium des 120 journalistes, dont les conclusions étaient accablantes: le couple avait «siphonné les caisses du pays».

La justice angolaise évoque le détournement de plus d'un milliard de dollars des groupes publics pétrolier et de diamants, dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Sindika Dokolo et Isabel Dos Santos ont nié toute malversation. Mais depuis plusieurs années, le couple était considéré en Europe par les banques comme des «+personnalités exposées politiquement+, autrement dit qui présentent un risque de corruption», selon une enquête du journal suisse Le Temps.

«Je n'accepte pas que nous, les Africains riches, devions nous excuser ou nous justifier», se défendait Sindika Dokolo en 2017. Et d'ajouter: «Je préfère que la richesse du continent revienne à un Noir corrompu plutôt qu'à un Blanc néo-colonialiste».

Sindika Dokolo était né en 1972 d'un père homme d'affaires et premier banquier privé sous le long régime du dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997). Sa mère Hanne est une Danoise installée depuis 1966 à Kinshasa où elle vit toujours.

M. Dokolo avait fait une partie de sa scolarité dans un prestigieux lycée privée à Paris.

Il s'était lancé en politique en RDC, à la fin du régime de Joseph Kabila, créant depuis Paris un mouvement pro-démocratie, «Les Congolais debout».

Il était retourné dans son pays en mars 2019, 45 jours après l'investiture de l'opposant Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur de la présidentielle de décembre 2018.

«Informé du décès brutal de Monsieur @sindika_dokolo, Son Excellence Monsieur le Président de la République, @fatshi13, exprime sa profonde peine et toute sa compassion à @isabelaangola épouse de l'illustre disparu, aux orphelins et à toute la famille», a écrit dans un tweet le porte-parole du président Félix Tshisekedi.

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AFP