Proche-Orient Les Palestiniens fuient Rafah, le Hamas est à Gaza «pour durer»

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16.5.2024 - 10:45

L'armée israélienne poursuivait jeudi ses opérations dans le nord de la bande de Gaza et dans certains secteurs de Rafah, ville du sud de Gaza menacée d'une offensive d'envergure contre le mouvement islamiste palestinien Hamas qui est «là pour durer», selon son chef.

Des Palestiniens se tiennent sur la plage près d'abris de fortune dans un nouveau camp pour personnes déplacées, après que l'armée israélienne leur a demandé d'évacuer la ville de Rafah, à l'ouest de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 mai 2024 (publié le 16 mai 2024).
Des Palestiniens se tiennent sur la plage près d'abris de fortune dans un nouveau camp pour personnes déplacées, après que l'armée israélienne leur a demandé d'évacuer la ville de Rafah, à l'ouest de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 mai 2024 (publié le 16 mai 2024).
KEYSTONE

16.5.2024 - 10:45

Les dirigeants de la Ligue arabe se retrouvent jeudi à Manama, à Bahreïn, pour un sommet dominé par la guerre à Gaza. Ils s'étaient déjà réunis en novembre en Arabie saoudite et avaient condamné l'offensive d'Israël, tout en s'abstenant d'énoncer contre lui des mesures économiques et politiques punitives.

Mercredi, le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a affirmé que le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 que Benjamin Netanyahu a promis d'anéantir, était «là pour durer» et qu'il déciderait avec d'autres factions palestiniennes de la gouvernance à Gaza après la guerre avec Israël.

Ismaïl Haniyeh a ajouté que l'issue des pourparlers sur un cessez-le-feu était incertaine car Israël «insiste pour occuper le point de passage de Rafah et amplifier son agression» dans le territoire palestinien.

Pas de lieu sûr

La population menacée de famine et plusieurs fois déplacée depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, est de nouveau sur les routes à la recherche d'un nouveau refuge, même si «il n'y a pas d'endroit sûr à Gaza», selon l'ONU.

Quatre Palestiniens ont été tués jeudi matin dans un bombardement israélien qui a visé leur domicile, dans le centre de Rafah, a indiqué l'hôpital de cette ville située à la lisière sud du petit territoire palestinien, où sont retranchés les derniers bataillons du Hamas selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

M. Netanyahu est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah. Inquiets pour la population civile, les Etats-Unis, comme une grande partie de la communauté internationale, sont opposés à une telle offensive dans cette ville située à la frontière égyptienne, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés.

L'Afrique du Sud doit demander jeudi à la plus haute juridiction de l'ONU d'enjoindre Israël de cesser son incursion à Rafah, une opération qu'elle a qualifiée de «génocidaire» menaçant la «survie même des Palestiniens» en tant que groupe. Israël, qui récuse les accusations sud-africaines, y répondra vendredi.

Dans un arrêt en janvier, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'accès de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. Mais la cour n'était pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu.

«Désaccord» avec Washington

M. Netanyahu estime, lui, que «la catastrophe humanitaire» à Rafah a été évitée par Israël, affirmant que «près d'un demi-million de personnes avaient évacué la zone des combats» dans cette ville où l'armée israélienne mène des opérations militaires depuis le 7 mai.

«Dans la bande de Gaza, 600'000 personnes ont fui Rafah depuis l'intensification des opérations militaires», a déploré de son côté l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Lors d'une interview à la chaîne américaine CNBC, le Premier ministre israélien a reconnu un «désaccord» avec Washington sur Rafah. «Mais nous devons faire ce que nous avons à faire», a-t-il déclaré.

L'Union européenne a de son côté exhorté Israël à «cesser immédiatement» son opération à Rafah, sous peine de «mettre à rude épreuve» sa relation avec l'UE.

Combats «intenses»

Des journalistes de l'AFP et des témoins ont fait état mercredi de frappes aériennes, de bombardements à l'artillerie et de combats dans la nuit et en matinée à Rafah, Jabalia (nord) et dans le quartier de Zeitoun, dans la ville septentrionale de Gaza.

Le Hamas a fait état d'affrontements avec les forces israéliennes à Jabalia. L'armée israélienne a aussi fait état de combats «intenses» dans cette ville, disant y avoir tué «un grand nombre de terroristes».

Des combats ont lieu aussi dans des «secteurs spécifiques» de l'est de Rafah, où l'armée a indiqué avoir mené une opération contre un centre d'entraînement du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'UE.

Dans le nord de la Cisjordanie occupée théâtre d'une flambée de violences depuis deux ans, à Tulkarem, trois personnes ont été tuées par l'armée israélienne, ont annoncé tôt jeudi les autorités palestiniennes.

A Jérusalem-Est, un individu a tenté en vain d'attaquer au couteau un agent de la police aux frontières avant d'être «neutralisé» par les forces de l'ordre israéliennes, a rapporté tôt jeudi la police israélienne sur X. Aucun policier n'a été blessé, selon la même source.

L'après-guerre reste incertaine à Gaza. Si M. Netanyahu ne veut pas en parler «tant que le Hamas n'est pas détruit», son ministre de la Défense Yoav Gallant, s'est dit opposé à ce qu'Israël exerce un «contrôle» militaire ou civil sur la bande de Gaza une fois la guerre terminée et a appelé à une alternative palestinienne au Hamas.

Aide bloquée

Entrée dans le secteur de Rafah avec des chars le 7 mai, l'armée israélienne est toujours déployée du côté palestinien du point de passage avec l'Egypte, crucial pour faire entrer le carburant, indispensable au fonctionnement des infrastructures et à la logistique humanitaire.

Plus rien n'entre depuis par Rafah, l'Egypte et Israël se renvoyant la responsabilité. L'aide humanitaire est également bloquée au principal point de passage avec Israël, Kerem Shalom.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé «à la réouverture immédiate» du point de passage de Rafah.

Le Royaume-Uni a annoncé mercredi le départ de Chypre d'une première cargaison de près de 100 tonnes d'aide humanitaire par la mer pour Gaza où elle devrait être déchargée sur un port artificiel construit par l'armée américaine et bientôt opérationnel.

D'autres «centaines de tonnes» d'aide humanitaire sont prêtes à être acheminées vers Gaza, une fois le port ouvert, selon Brad Cooper, du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

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