Il risque d'être extradé A Londres, une nouvelle audience cruciale pour Julian Assange

ATS

20.5.2024 - 12:34

Une nouvelle audience cruciale pour le sort du fondateur de WikiLeaks Julian Assange s'est ouverte lundi à Londres: deux juges doivent décider s'ils lui accordent un nouveau recours contre son extradition vers les Etats-Unis.

Des dizaines de soutiens se sont rassemblés devant le tribunal criant "Libérez Assange".
Des dizaines de soutiens se sont rassemblés devant le tribunal criant "Libérez Assange".
ATS

20.5.2024 - 12:34

Cette audience se tient à la Royal Court of Justice en l'absence de Julian Assange, dont la santé s'est considérablement affaiblie selon ses proches.

Des dizaines de soutiens se sont rassemblés devant le tribunal criant «Libérez Assange», brandissant des pancartes «N'extradez pas Assange» ou interpellant le président américain Joe Biden avec le slogan «Laissez-le partir, Joe».

Après cinq ans d'un combat judiciaire érigé en symbole du combat pour la liberté d'informer par ses soutiens, l'Australien de 52 ans risque d'être rapidement extradé si sa demande échoue.

Son seul espoir serait alors de saisir à temps la Cour européenne des droits de l'Homme pour faire suspendre son extradition.

Jusqu'à 175 ans de prison

Poursuivi pour avoir rendu publics à partir de 2010 plus de 700'000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, le fondateur de WikiLeaks encourt aux Etats-Unis jusqu'à 175 ans de prison.

Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

Après de multiples rebondissements judiciaires, fin mars, deux juges de la Haute Cour de Londres, Victoria Sharp et Jeremy Johnson, avaient demandé aux Etats-unis de nouvelles garanties quant au traitement qui serait réservé dans ce pays à Julian Assange, avant de se prononcer sur la demande du fondateur de WikiLeaks d'obtenir un nouvel appel contre son extradition.

Lundi, ils examinent la réponse des autorités américaines et décideront de lui accorder ou non un nouvel appel. Ils peuvent aussi repousser leur décision à une date ultérieure.

Premier amendement

Les juges veulent s'assurer que Julian Assange n'encourra pas la peine de mort et qu'il pourra bénéficier, en cas d'extradition, de la protection du premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d'expression.

Mais l'avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, s'est inquiété au début de l'audience que le premier amendement ne s'applique pas à son client, celui-ci n'étant pas Américain. «Il n'y a aucune garantie qu'il puisse s'appuyer sur le premier amendement», a-t-il affirmé.

«La vie de cet homme est en jeu. (...) Il a juste dit la vérité», affirme Jenny West, une sculptrice de 83 ans, venue soutenir l'Australien lundi devant le tribunal.

«C'est le plus grand journaliste qui existe», assure aussi Dainer Cooney, employé dans la finance de 44 ans et qui a pris sa matinée pour se joindre aux partisans d'Assange.

Julian Assange avait été arrêté par la police britannique en avril 2019 après sept ans passés dans l'ambassade d'Equateur à Londres, afin d'éviter son extradition vers la Suède dans une enquête pour viol, classée sans suite la même année.

Multiplication des appels

Depuis, les appels se sont multipliés pour que le président américain Joe Biden abandonne les charges retenues contre lui. L'Australie a fait une demande officielle en ce sens début 2024, que le président américain a dit examiner, suscitant l'espoir chez ses soutiens.

En janvier 2021, la justice britannique avait d'abord tranché en faveur du fondateur de WikiLeaks, invoquant un risque de suicide s'il était extradé. Mais cette décision a ensuite été infirmée.

Lors des dernières journées d'audience en février, Julian Assange était déjà absent pour raison de santé. Ses avocats ont plaidé qu'une extradition mettrait sa santé et même sa vie en danger, et que les poursuites contre lui étaient «politiques».

L'avocate Clair Dobbin, qui représente le gouvernement américain, a de son côté fait valoir que M. Assange avait «publié sans discernement et en connaissance de cause les noms d'individus qui ont servi de sources d'information pour les Etats-Unis».

ATS