Soudan L'ONU a parlé aux deux généraux soudanais d'El-Fasher

Le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme a parlé cette semaine aux deux généraux rivaux en guerre au Soudan. Au moins 58 civils ont été tués en une semaine dans les violences à El-Fasher, au Darfour-Nord, a précisé vendredi une porte-parole à Genève.

Volker Türk est «horrifié» par l'augmentation des affrontements à El-Fasher, a affirmé la porte-parole à la presse. M. Türk a appelé séparément le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et celui des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) Mohamed Hamdane Daglo.

Ces coups de téléphone ont été âprement négociés depuis longtemps, a précisé la porte-parole. L'Autrichien avait rencontré physiquement les deux militaires pour la dernière fois en novembre 2022, avant le début de la guerre.

Dans ces appels, il leur a demandé urgemment d'oeuvrer pour apaiser la situation. Il les enjoint à cesser les hostilités et à honorer le droit international humanitaire (DIH) en protégeant les civils et en garantissant un accès humanitaire.

Engagement par al-Burhane

Il leur a demandé de reprendre dès que possible des négociations de paix. En revanche, il n'a pas proposé de faciliter une rencontre directe entre eux, comme l'avait fait en vain il y a quelques mois le chef des affaires humanitaires de l'ONU Martin Griffiths pour améliorer l'accès à l'assistance pour la population.

De leur côté, les deux généraux ont reconnu l'importance d'honorer le DIH, a précisé la porte-parole. Abdel Fattah al-Burhane a promis d'attribuer davantage de visas aux collaborateurs du Haut-Commissariat, dont seul un est actuellement sur place. «C'était le résultat positif» de cet appel, selon la porte-parole, qui ajoute qu'il était important de dialoguer directement avec chacun des deux dirigeants militaires.

Plus de 1,8 million d'habitants et de déplacés sont encerclés par les affrontements à El-Fasher. Outre les victimes, dont le nombre est probablement plus important, plus de 200 personnes ont été blessées.

Appel de l'ONU largement sous-financé

Plus largement, l'appel de l'ONU de 2,7 milliards de dollars pour le Soudan est sous-financé «de manière catastrophique», à 12%, ajoute le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). «Il est vraiment urgent que le financement arrive», notamment pour éviter une famine, selon un porte-parole. Environ 25 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire.

Plus de deux tiers des 18 Etats soudanais font face à de multiples épidémies, a dit de son côté le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis Port-Soudan. Il redoute que la situation n'explose, sans une possibilité rapidement d'assister les personnes affectées. Plus de sept millions de personnes font face à une insécurité alimentaire importante, dont quatre millions sont menacées de famine.

Selon l'OMS, plus de 16'000 personnes au moins ont été tuées en un an dans le conflit et 33'000 ont été blessées, un chiffre probablement inférieur à la situation. Plus de 60 attaques contre les infrastructures et le personnel de santé ont aussi été identifiées. Au total, environ 8,5 millions de personnes ont fui leur habitation, dit l'ONU.

sn, ats