Royaume-Uni Londres va expulser l'attaché de défense russe, accusé d'espionnage

ATS

8.5.2024 - 21:52

Le Royaume-Uni a durci le ton mercredi face aux «activités malveillantes» et d'espionnage imputées à la Russie. Il a annoncé l'expulsion prochaine de l'attaché de défense russe, présenté comme un «officier de renseignement militaire non-déclaré».

Le ministre de l'Intérieur James Cleverly a dévoilé de «nouvelles restrictions sur les visas diplomatiques russes», notamment en limitant le temps que peuvent passer les diplomates russes au Royaume-Uni (archives).
Le ministre de l'Intérieur James Cleverly a dévoilé de «nouvelles restrictions sur les visas diplomatiques russes», notamment en limitant le temps que peuvent passer les diplomates russes au Royaume-Uni (archives).
KEYSTONE

8.5.2024 - 21:52

Ce faisant, Londres entend «cibler et démanteler les opérations de recueil de renseignement», selon un communiqué du gouvernement. Devant le Parlement, le ministre de l'Intérieur James Cleverly a présenté l'attaché de défense comme «un officier de renseignement militaire non-déclaré».

La Russie a réagi en faisant valoir que la décision britannique était fondée sur des «mensonges purs et simples». «Londres a décidé d'utiliser des mensonges purs et simples pour justifier ses mesures antirusses», a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova. «Notre réponse sera ferme et adaptée», a-t-elle ajouté, sans donner plus de détails.

Un attaché de défense est un membre des forces armées servant au sein d'une ambassade et qui représente le secteur de la défense de son pays à l'étranger.

Le patron du «Home Office» a en outre annoncé que plusieurs propriétés russes sur le sol britannique, que Londres soupçonne d'avoir été utilisées «à des fins de renseignement», perdraient leur statut diplomatique. James Cleverly a également dévoilé de «nouvelles restrictions sur les visas diplomatiques russes», notamment en limitant le temps que peuvent passer les diplomates russes au Royaume-Uni.

Selon lui, les mesures mises en place par Londres et ses alliés ces dernières années «font déjà du Royaume-Uni un lieu d'opération extrêmement difficile pour les services russes de renseignement».

Figurant parmi les principaux soutiens de Kiev, le Royaume-Uni accuse de longue date la Russie de mener des activités hostiles sur son sol, à l'image des empoisonnements des ex-agents russes Alexandre Litvinenko en 2006 et Sergueï Skripal en 2018.

Ambassadeur convoqué

«Notre message à la Russie est clair: arrêtez cette guerre illégale, retirez vos troupes d'Ukraine, cessez ces activités malveillantes», a lancé James Cleverly, prévenant que le Royaume-Uni devait s'attendre «dans les prochains jours» à «des accusations de russophobie, des théories du complot et de l'hystérie de la part du gouvernement russe».

Le Royaume-Uni a également convoqué l'ambassadeur russe mercredi pour l'informer de ces nouvelles mesures et «réitérer que les actions de la Russie ne seront pas tolérées», a indiqué le gouvernement dans un communiqué, qui souligne que ces mesures ont été prises pour «protéger le Royaume-Uni» des «activités malveillantes» liées à la Russie.

Les affaires se sont succédé ces derniers mois. Cinq Bulgares ont été inculpés, accusés d'espionnage depuis le Royaume-Uni pour le compte de la Russie. Ils ont plaidé récemment non-coupable. Puis fin avril, un Britannique de 20 ans a été inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, pour l'organisation présumée d'attaques contre des «entreprises liées à l'Ukraine». Quatre autres hommes ont été poursuivis pour des charges moins lourdes.

Après la révélation de cette affaire, le Royaume-Uni avait appelé à la «fin immédiate» des «activités malveillantes orchestrées par la Russie» sur son sol et convoqué l'ambassadeur russe, Andreï Keline. Celui-ci avait déclaré que «la partie russe a souligné le caractère absurde et sciemment infondé de cette nouvelle falsification d'informations concoctées à la hâte par l'establishment britannique», selon un commentaire transmis à l'agence publique TASS.

Expulsions croisées

Ailleurs en Europe, Londres rappelle les accusations de projet de sabotage contre l'aide militaire pour l'Ukraine en Allemagne et en Pologne, ou celles d'espionnage en Bulgarie et en Italie, ainsi que violations de l'espace aérien ou brouillage de GPS ayant un impact sur l'aviation civile.

La semaine dernière, les pays de l'Otan se sont dits «vivement préoccupés par les activités malveillantes» de la Russie sur leur sol et assuré que celles-ci ne les «dissuader(aient) pas de continuer à soutenir l'Ukraine».

En 2018, après l'empoisonnement au Novitchok, produit neurotoxique développé à des fins militaires à l'époque soviétique, de l'ex-agent double Sergueï Skripal, qui a survécu, Londres avait expulsé 23 diplomates russes, accusés d'être des officiers de renseignement non-déclarés.

La Russie, qui avait nié toute implication dans cette affaire, avait également expulsé des diplomates britanniques, un mouvement croisé alors sans précédent depuis la fin de la Guerre froide entre la Russie et les Occidentaux.

ATS