Risques pour la santéPour le corps, rien de pire que le travail de nuit
Relax
16.5.2024 - 09:27
(ETX Daily Up) – Cela fait des années que les scientifiques se penchent sur l’état de santé des personnes ayant des rythmes de travail décalés, et notamment celles qui travaillent de nuit. Ils cherchent à déterminer l’impact qu’a cette organisation du temps de travail sur nos fonctions biologiques. Une étude, parue dans le Journal of Proteome Research, offre un nouvel éclairage sur cette question.
16.05.2024, 09:27
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Des chercheurs de l'Université d'État de Washington et du Laboratoire national du Nord-Ouest Pacifique ont constaté que les horaires décalés chamboulent profondément notre organisme. «Il existe des processus cérébraux liés à l'horloge interne qui nous indiquent que le jour est le jour et la nuit est la nuit, et d'autres [l’inverse]. Lorsque ces rythmes internes sont déréglés, notre organisme subit un stress persistant, ce qui aura, selon nous, des conséquences à long terme sur notre état de santé», a déclaré Hans Van Dongen, auteur principal de l'étude, dans un communiqué.
Hans Van Dongen et ses confrères en ont eu la preuve après avoir demandé à des volontaires de travailler en rotation durant trois jours, c’est-à-dire de faire des shifts de travail en journée ou durant la nuit. Cette expérience a été menée dans des conditions de laboratoire, afin que les universitaires puissent mesurer les rythmes biologiques des participants sans que des événements extérieurs ne viennent les perturber.
Des échantillons de sang ont été prélevés à intervalles réguliers tout au long de l’expérimentation et ont été analysés pour identifier les protéines présentes dans les cellules immunitaires sanguines. Ces protéines suivent des rythmes biologiques, qui sont souvent synchronisés avec l'horloge interne. C’est comme ça qu’elles régulent de nombreux phénomènes physiologiques.
Mais les chercheurs ont constaté que les rythmes protéiques étaient profondément altérés par le travail nocturne. Ainsi, les protéines régulant la glycémie ont vu leur rythme s’inverser presque complètement chez les volontaires travaillant de nuit. Ils ont également constaté que les processus impliqués dans la production et la sensibilité à l'insuline, qui agissent normalement de concert pour maintenir les niveaux de glucose dans une fourchette optimale, n'étaient plus synchronisés chez ces participants.
Les auteurs de l’étude pensent que ce phénomène est lié au fait que la production d’insuline fluctue en fonction des repas mais aussi de notre horloge biologique. Durant la nuit, l'organisme réduit naturellement sa sensibilité à l'insuline, ce qui permet une régulation plus stable du taux de glucose dans le sang en absence d'apport alimentaire. Cette adaptation évite une diminution anormale de la glycémie. Travailler la nuit vient perturber cet équilibre, ce qui peut avoir de lourdes conséquences sur le plan médical. Des études ont montré que le fait de travailler en horaires décalés est un facteur de risque probable de diabète de type 2, ainsi que d’obésité et de surpoids.
Les résultats de cette étude montrent à quel point le fait de travailler la nuit comporte des risques pour la santé. Ils doivent toutefois faire l’objet de davantage de recherches pour déterminer si les shifts de travail nocturnes induisent des changements protéiques sur le long terme.