«Une zone de sécurité» Poutine ne prévoit pas de conquérir la ville de Kharkiv

AFP

17.5.2024

Le président russe Vladimir Poutine a justifié vendredi son offensive en affirmant répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe. Selon lui, ses forces avancent «comme prévu» et ne prévoient pas de conquérir la ville de Kharkiv.

 Vladimir Poutine était en Chine pour son premier voyage à l’étranger depuis son investiture à un cinquième mandat au Kremlin.
 Vladimir Poutine était en Chine pour son premier voyage à l’étranger depuis son investiture à un cinquième mandat au Kremlin.
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AFP

17.5.2024

La Russie a lancé le 10 mai une offensive surprise par le nord de l'Ukraine, étendant le front au moment même où l'Ukraine était sur la défensive dans l'Est et le Sud, sur fond de pénurie d'hommes et de munitions.

Au total, quelque 9'300 civils ont été évacués. Kiev accuse cependant Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis, au moins, une exécution sommaire.

Poutine parle de la création d'une zone de sécurité 

Le président Poutine a justifié vendredi l'attaque par la nécessité de créer une zone tampon pour empêcher les forces ukrainiennes de frapper la région voisine russe de Belgorod, alors même que Kiev a commencé à bombarder le territoire russe en réponse aux multiples attaques qui endeuillent quotidiennement villes et villages ukrainiens depuis plus de deux ans.

«J'avais dit publiquement que si cela continuait, nous serions contraints de créer une zone de sécurité, une zone sanitaire. C'est ce que nous faisons», a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse depuis Harbin, en Chine, où il est en visite.

Poutine ne prévoit pas de conquérir la ville de Kharkiv

Il a démenti viser la prise de Kharkiv, deuxième ville du pays que l'armée russe avait échoué à conquérir en 2022. «En ce qui concerne (la conquête, NDLR) de Kharkiv, nous n'avons pas ce projet à l'heure actuelle», a déclaré celui qui avait également nié prévoir une invasion de l'Ukraine.

Enfin, il a affirmé que ses troupes progressaient «chaque jour» et «comme prévu».

Moscou a engrangé ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

«L'ennemi a commencé à détruire Vovtchansk»

L'Ukraine affirme de son côté que les forces russes étaient en train de détruire la ville de Vovtchansk, et qu'elle continuaient d'avancer dans la région du nord-est de Kharkiv, où Moscou a lancé un nouvel assaut d'ampleur le 10 mai.

Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov a indiqué lors d'un briefing que les forces ukrainiennes n'étaient pas parvenues jusqu'ici à arrêter l'adversaire.

«L'ennemi a commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie. Ce n'est pas juste dangereux d'être là-bas, c'est pratiquement impossible», a-t-il dit.

Quelque 200 civils restent sur place, d'après la même source, alors que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale Kharkiv, comptait quelque 18'000 habitants avant-guerre.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, à l'instar de Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février, en recourant à des bombardements massifs pour en chasser les défenseurs.

«Nous devons empêcher toute avancée supplémentaire»

Un peu plus l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région. Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent d'encore tenir cette localité et de détruire les forces de l’occupant», a-t-il dit.

Le commandant en chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky a lui indiqué sur Telegram que les forces russes avaient «étendue la zone active de combats de 70 kilomètres».

«Nous devons empêcher toute avancée supplémentaire», a-t-il insisté, jurant d'user de «frappes aériennes, de missiles, d'artillerie, de chars pour infliger le maximum de pertes».