Profil haut en couleur Procès d'aspirants putschistes en Allemagne : qui sont-ils ?

AFP

21.5.2024

Les principaux suspects d'un groupe de conspirationnistes accusés d'avoir comploté pour renverser le gouvernement allemand seront jugés à Francfort à partir de mardi. Voici les principaux meneurs, au profil haut en couleur.

Le prince Heinrich XIII Reuss est accusé d'être le principal instigateur des préparatifs de coup d'Etat.
Le prince Heinrich XIII Reuss est accusé d'être le principal instigateur des préparatifs de coup d'Etat.
Sascha Fromm

AFP

21.5.2024

Le prince

Le prince Heinrich XIII Reuss est accusé d'être le principal instigateur des préparatifs de coup d'Etat. Il devait être installé à la tête de l'Allemagne si ce plan farfelu avait réussi.

M. Reuss, 72 ans, est le descendant d'une famille noble qui régnait autrefois sur de vastes étendues de la région de Thuringe, dans l'est de l'Allemagne. Issu d'une fratrie de six enfants, M. Reuss a suivi une formation d'ingénieur, mais a gagné sa vie dans l'immobilier. Il vit à Francfort, mais possède également un château à Bad Lobenstein, en Thuringe.

Reuss est accusé d'avoir tenté d'entrer en contact avec la Russie avant le coup d'État prévu, par l'intermédiaire de sa partenaire russe, nommée Vitalia B., également jugée à Francfort.

Certains membres de sa famille ont pris leurs distances avec M. Reuss. Le chef actuel de la maison princière de Reuss a déclaré l'année dernière à l'AFP qu'il était considéré comme la «brebis galeuse de la famille».

M. Reuss avait déjà attiré l'attention par ses théories fantaisistes. Dans un discours décousu prononcé lors d'une conférence à Zurich en 2019, il a fait référence à la «soi-disant République fédérale d'Allemagne» et a affirmé que le pays avait été dirigé par les Alliés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La juge

Birgit Malsack-Winkemann, juge et ancienne députée du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), avait été pressentie pour devenir «ministre de la Justice» du groupe. Les enquêteurs pensent que cette femme de 59 ans a aidé le groupe à planifier une attaque armée. La police, qui a perquisitionné son appartement, a trouvé plusieurs armes ainsi que d'importants stocks de nourriture, selon les médias allemands.

Mme Malsack-Winkemann a commencé à travailler comme juge à Berlin en 1993. Cette mère de deux enfants, divorcée, a été députée de 2017 à 2021. Elle a fait appel à un astrologue au cours de son mandat, selon le journal Die Zeit, qui figure également parmi les suspects du coup d'État.

Elle a ensuite repris ses fonctions de juge à Berlin en mars 2022, malgré les tentatives des autorités de la pousser à prendre une retraite anticipée en raison de doutes concernant son impartialité. Après son arrestation, elle a été suspendue de ses fonctions.

L'ancien para

Rüdiger von Pescatore, 70 ans, un ancien commandant de l'armée allemande accusé par le parquet d'avoir cofondé ce «groupe terroriste», était pressenti pour prendre la tête de l'armée après le coup d'État. Il a commencé sa carrière comme parachutiste avant de devenir lieutenant-colonel puis commandant du bataillon de parachutistes.

Selon Die Zeit, il s'est fait remarquer dans l'armée en y enseignant de vieilles chansons nazies ou par des comportements fantasques, comme lorsqu’un hélicoptère de l'armée l'a déposé chez lui pour prendre un café.

Mais la carrière militaire de Pescatore a pris fin brutalement au milieu des années 1990, lorsqu'il a été reconnu coupable d'avoir détourné des armes provenant d'anciens stocks de l'armée. Il a été exclu de l'armée et a émigré avec sa famille au Brésil, selon Die Zeit, avant de revenir en Allemagne en 2021.

Autres comploteurs

Trois autres hommes, pressentis pour des fonctions militaires de haut niveau, sont également jugés à Francfort : Maximilian Eder, Michael Fritsch et Peter Wörner.

Eder, ancien colonel de l'armée, a comparu devant le tribunal de Munich le mois dernier pour quatre accusations de conduite sans permis et sous l'influence de l'alcool.

Fritsch est un ancien officier de police de Hanovre (nord) qui a été suspendu en 2020 après avoir participé à des manifestations contre la réglementation liée au Covid-19.

Wörner est un ancien soldat des forces spéciales KSK qui vivait en Norvège et organisait des cours de «survie», selon le quotidien Bild.