Valentin Imsand «Parfois il faut reculer pour mieux sauter»

ATS, par Gilles Mauron

15.5.2024 - 11:48

A 19 ans, le perchiste Valentin Imsand est l'un des plus sûrs espoirs de l'athlétisme suisse. S'il rêve de se frotter à l'élite lors des Européens de Rome voire pourquoi pas aux JO de Paris, il ambitionne surtout de briller aux Mondiaux M20 pour sa dernière saison dans cette classe d'âge. Et de passer sa maturité fédérale.

Le perchiste Valentin Imsand est l'un des plus sûrs espoirs de l'athlétisme suisse.
Le perchiste Valentin Imsand est l'un des plus sûrs espoirs de l'athlétisme suisse.
IMAGO/Beautiful Sports

15.5.2024 - 11:48

«J'ai pas mal d'échéances, scolaires et sportives, avec mes derniers examens pour la maturité fédérale en août. Je vais devoir concilier études et sport, j'espère que ça va fonctionner. Pour l'instant, cela a bien marché», lâche le Valaisan, seul junior et seul athlète romand présent mardi à Berne lors du Media Day de Swiss Athletics. «J'ai eu de bonnes notes cet hiver pour la première partie de mes examens, donc je suis rassuré», se réjouit-il.

«Cela me permet aussi de me concentrer par moments pleinement sur le sport, même s'il va falloir faire la distinction: une semaine sera consacrée au sport, et la semaine suivante sera pour les révisions», précise-t-il. «Mon pic de forme est prévu pour août, avec comme échéance principale les Mondiaux M20» prévus à Lima au Pérou du 27 au 31 août.

«Je me concentre là-dessus sur le plan sportif. Je me réjouis aussi énormément de participer à ma première Ligue de Diamant à l'occasion d'Athletissima», le 21 août sur la Place de la Navigation qui accueillera cette année le City Event du meeting lausannois.

«J'espère aussi répondre présent ce jour-là. Même si tout ce qui viendra avant les Mondiaux juniors aura avant tout un but préparatoire», poursuit l'athlète du CS 13 Etoiles, qui ne veut pas faire des Européens de Rome (7-13 juin) un objectif en soi. «Pouvoir y participer serait un bonus. Mais, avec mes examens qui arrivent, ça aurait été compliqué de me focaliser déjà sur quelques concours pour aller chercher une performance», tempère-t-il sagement.

Un record à 5m61

«Prétendre aux Européens (limite à 5m75) ou aux Jeux olympiques (5m82) exige un niveau de performance que mon rythme de vie actuel ne me permet pas de viser actuellement», lâche Valentin Imsand, dont le record personnel établi l'an dernier se situe à 5m61. «C'est clair que ces deux compétitions faisaient rêver, mais elles arrivent peut-être un an trop tôt pour moi», soupire-t-il.

Tous les espoirs lui sont pourtant permis. Avec 5m61, Valentin Imsand est le 31e performeur mondial de l'histoire chez les moins de 20 ans. A égalité notamment avec le Français Thierry Vigneron, vice-champion du monde en 1987 et médaillé de bronze olympique en 1984, année où il avait passé 5m91.

«J'ai un seul gros objectif pour 2024, qui est réalisable», à savoir conquérir le titre mondial chez les moins de 20 ans au Pérou à la fin août. «Après deux médailles d'argent (réd: obtenue aux Européens M18 de 2022 puis aux Européens M20 de 2023), je ne peux pas vouloir autre chose», lâche celui qui est pour l'heure le troisième meilleur performeur mondial de l'année chez les M20 avec 5m50.

Consolider les bases

Dernier lauréat du Prix du meilleur espoir romand de l'Aide sportive suisse, Valentin Imsand ne s'inquiète pas le moins du monde de ne pas avoir encore amélioré son record personnel cette année. «Sur le papier, on ne voit pas de progrès chiffré depuis un an. Mais parfois il faut reculer pour mieux sauter, en consolidant ses bases. J'ai corrigé beaucoup de choses dans mon saut et dans ma course d'élan, et je me sens désormais bien dans ma course», assure-t-il.

«Il y a les aspects techniques, il y a la course, mais un bon feeling est ce qui te permet de progresser. Cet hiver je ne sentais ainsi pas ma course, mais maintenant ça va mieux et du coup je saute à chaque fois avec plaisir. Je gère désormais mieux ma vitesse, alors qu'avant j'avais tendance à la perdre au fil de ma course. Ce petit changement peut tout débloquer pour la suite, tout semble plus simple. La course, c'est 80% du saut», se réjouit-il.

Feeling

«Le feeling, c'est super important à la perche. Je suis dans une phase ascendante, et avoir réussi 5m50 pour ma deuxième compétition de l'année indique que je suis bien. C'est solide, et j'en ai encore sous le capot», sourit le Valaisan, qui ne veut pas se fixer d'objectif de hauteur pour cet exercice 2024. «Mais j'aimerais bien battre le record de Suisse (5m71) dès cette saison», précise-t-il.

«L'objectif premier est de prendre du plaisir, et si je m'amuse, je sais que je vais sauter haut», poursuit Valentin Imsand, qui loue le travail effectué avec un préparateur mental. «C'est primordial. Même si on sait bien gérer ses émotions, c'est toujours bien que l'on t'offre des pistes supplémentaires: on ne sait jamais ce qui peut arriver pendant une compétition, avec le stress, une pression folle. Le but est de canaliser cette pression et de relativiser la chose. Cela fait une bonne différence au haut niveau», poursuit-il.

Un coach qui a aussi pris du galon

Mais c'est bien évidemment tout le travail effectué dans le stade, sous la férule de son coach de longue date Boris Zengaffinen, qui lui permet d'afficher de saines ambitions. «Sans lui, je n'aurais jamais pu sauter aussi haut. Et pour lui c'est une sorte de retour sur investissement d'avoir pris du galon à la Fédération», dont Zengaffinen est l'un des deux entraîneurs nationaux de la perche.

L'entraîneur et son athlète vont continuer de progresser côte à côte, dans l'environnement idéal du CS 13 Etoiles où Valentin Imsand côtoie aussi son pote Justin Fournier (19 ans, PB 5m30). «La dynamique de groupe est excellente, ce qui fait que je vais à chaque entraînement avec le sourire», lâche un Valentin Imsand à qui il tarde tout de même de pouvoir accorder plus de temps au sport.

«Après l'obtention de ma maturité, j'aurais plus la possibilité de me concentrer sur les compétitions. L'an prochain, pendant mon école de recrues, je pourrai aller chercher les performances. Avec en tête les Mondiaux de Tokyo, qui a l'air d'être une super ville. A visiter et pour y concourir», sourit-il.

ATS, par Gilles Mauron