Les paroissiens désertent L'Eglise réformée perd aussi des fidèles en Suisse romande

A l'instar de ce qu'il se passe en Suisse alémanique, le nombre de fidèles tend également à diminuer au sein de l'Eglise réformée en Suisse romande. Face à ce constat, l'institution multiplie les initiatives.

L'Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) ne recevra les chiffres définitifs et détaillés de l'ensemble de ses Eglises membres que d'ici cet été, précise-t-elle à l'agence Keystone-ATS. Mais elle confirme toutefois dans l'ensemble une tendance à une légère baisse du nombre de fidèles en Suisse romande l'an dernier.

Dans le canton de Neuchâtel, le nombre de paroissiens s'élevait par exemple à 44'573 à fin 2023, contre 46'888 en 2022, indique l'EERS. A Fribourg, ce chiffre s'élevait à 39'545 en fin d'année dernière, contre 40'257 fin 2022.

Dans le canton de Vaud, l'Eglise réformée ne tient pas de liste du nombre de personnes protestantes. Elle reçoit via le contrôle des habitants une information à une question subsidiaire. Ainsi, à fin octobre 2023, le nombre de personnes ayant coché la case correspondante s'élevait à 173'774, soit une baisse de 5723 personnes par rapport à 2022. Genève ne constate pour sa part pas d'évolution à ce stade.

Record en Suisse alémanique

En Suisse alémanique, le nombre de personnes ayant quitté l'Eglise réformée n'a jamais été aussi élevé qu'en 2023. Au total, 38'073 membres ont tourné le dos à leur Eglise l'an dernier, selon une récente enquête de ref.ch, le portail médias des réformés. Cela correspond à une augmentation d'un peu plus d'un quart par rapport à l'année précédente.

En 2022, 30'393 personnes avaient quitté l'Eglise réformée en Suisse alémanique. Dans de nombreuses régions, un lien clair a été établi avec la publication en septembre dernier d'une étude sur les abus sexuels au sein de l'Eglise catholique, relève l'étude.

L'attachement institutionnel faiblit

Interrogée par Keystone-ATS, le directeur de la communication de l'EERS Stephan Jütte concède que le nombre de personnes quittant l'Eglise augmente depuis des décennies. «Lorsque l'Eglise catholique ou réformée fait la une des médias, certains membres n'ayant pas de lien étroit avec l'institution en profitent pour la quitter», explique-t-il.

Seule une minorité mentionne un motif de départ précis. Ceux qui le font sont généralement insatisfaits des prises de position publiques de l'Eglise sur des sujets politiques ou sociaux, ou ne s'identifient plus à la foi prônée. «Ce n’est toutefois pas la religiosité qui recule, mais l'attachement institutionnel qui lie les individus aux Eglises et aux communautés religieuses qui faiblit», estime M. Jütte.

S'adapter à une nouvelle réalité

Pour remédier à la situation, différentes Eglises ont mis en oeuvre des possibilités pour permettre le libre choix de la paroisse. Le principe selon lequel on appartient à la paroisse du lieu où l'on habite ne correspond en effet souvent plus aux préoccupations d'une population mobile, relève l'EERS.

En outre, la «forme sociale» de la paroisse n'est souvent plus le lieu privilégié où les membres veulent se rencontrer. Les Eglises s'engagent donc par exemple dans la «Nuit des Eglises». Elles sont également présentes dans les foires cantonales pour rendre l'Eglise accessible aux gens d'une nouvelle manière.

De nombreux formats virtuels ont également vu le jour, comme des cultes en ligne, des podcasts, des paroisses virtuelles, ou des services d'aumônerie par chat, ce qui facilite l'accès, indépendamment du lieu de résidence. Enfin, de nombreuses Eglises et paroisses cherchent le contact avec la jeune génération, par exemple via les différentes journées régionales des Eglises de jeunes.

st, ats