Affaire «de la plume» Jeu sexuel fatal ou meurtre? Le mari sera jugé une troisième fois 

mf, ats

10.5.2024 - 15:55

Un notable genevois accusé d'avoir tué son épouse en l'étouffant avec un coussin sera jugé une troisième fois.

Dans son arrêt, le Tribunal fédéral a donné raison au Parquet genevois.
Dans son arrêt, le Tribunal fédéral a donné raison au Parquet genevois.
sda

10.5.2024 - 15:55

L'affaire implique un notable alémanique, âgé aujourd'hui de 74 ans, qui a été accusé par le Parquet genevois d'avoir tué sa femme en février 2016 à Genève, en l'étouffant avec un coussin ou un édredon. Une plume de 4,5 centimètres avait été retrouvée dans les bronches de la malheureuse lors de l'autopsie.

Le septuagénaire a donné deux versions des faits. Pendant sept ans, il a prétendu que son épouse était décédée de mort naturelle, victime d'une attaque cérébrale. Un matin, il l'aurait découverte sur le sol de la salle de bains de leur logement. Il aurait ensuite ramené le corps sur le lit conjugal avant la venue des secours.

Une thèse qui n'a pas convaincu le Tribunal criminel, en première instance. En mai 2022, le septuagénaire a été condamné à 13 ans de prison pour meurtre. Les juges se sont notamment appuyés sur les experts du Centre universitaire romand de médecine légale qui excluaient un décès naturel et penchaient pour un étouffement.

Jeu sexuel impliquant l'asphyxie

Devant l'instance d'appel, en mars 2023, le septuagénaire a avancé une autre version. Selon lui, son épouse serait morte à cause d'un jeu sexuel extrême impliquant l'asphyxie qui aurait mal tourné. Il aurait dissimulé ce fait par pudeur et aurait eu le courage d'en parler après avoir entendu la bénédiction de Noël du Pape, en 2022.

La Chambre pénale d'appel et de révision de Genève a cru les nouvelles déclarations du mari. En mars 2023, elle l'a condamné pour homicide par négligence à 3 ans de prison avec un sursis partiel. Le Ministère public, persuadé d'avoir affaire à un meurtre, a saisi le TF, soulignant l'arbitraire du jugement rendu en appel.

Vers un troisième procès

Dans son arrêt, le Tribunal fédéral a donné raison au Parquet genevois. Il estime que la cause doit effectivement être renvoyée devant la cour cantonale pour une nouvelle décision, avec, cette fois, une analyse minutieuse des preuves recueillies durant l'enquête et des éléments apportés par l'autopsie.

Il s'agira notamment pour la cour cantonale de tenter de déterminer la date du dernier rapport sexuel des époux et de tenir compte des dires des experts judiciaires qui estiment que la victime aurait dû réagir lors de l'étouffement et tousser en aspirant la plume, alors que le septuagénaire prétend qu'elle n'a pas bougé.

Enfin, le TF estime que la cour cantonale devra essayer d'expliquer «un certain nombre de lésions liées aux événements litigieux». La victime présentait notamment des ecchymoses au niveau des bras et des dermabrasions au visage. Du sang du septuagénaire a aussi été retrouvé sous les ongles de son épouse.

mf, ats