Une lettre l’attesterait «Il y avait des rapports» entre Pierre de Coubertin et Hitler

AFP

17.5.2024

Une lettre de Pierre de Coubertin, le promoteur des Jeux olympiques modernes, à Adolf Hitler en 1937 est reproduite dans un livre qui paraît vendredi en France. Celle-ci atteste, selon l'auteur de l'ouvrage, qu'il «y avait bien des rapports entre les deux hommes».

«On retrouve des points communs» entre la vision de Pierre de Coubertin et celle du Troisième Reich, selon Aymeric Mantoux.
«On retrouve des points communs» entre la vision de Pierre de Coubertin et celle du Troisième Reich, selon Aymeric Mantoux.
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17.5.2024

Un fac-similé apparaît dans «Pierre de Coubertin, l'homme qui n'inventa pas les Jeux olympiques», du journaliste Aymeric Mantoux, aux éditions du Faubourg. Cette lettre était inédite dans une publication française. Elle provient des archives du Troisième Reich, d'où l'historien allemand Hans Joachim Teichler l'a extraite.

«C'est un chercheur qui a revisité toute l'histoire des sports en Allemagne au XXe siècle. Il a trouvé cette lettre qui prouve que, contrairement à ce que disent la famille de Coubertin et le CIO [Comité international olympique], il y avait bien des rapports entre les deux hommes», a expliqué M. Mantoux à l'AFP.

Des versements de l'Allemagne nazie

Datée du 17 mars 1937, la lettre remercie le régime allemand pour sa contribution à son «année jubilaire», à savoir les 50 ans de son action de promotion du sport. Des historiens ont retrouvé la trace de versements de l'Allemagne nazie à un fonds de dotation monté par Pierre de Coubertin pour poursuivre son action. Et le Troisième Reich se préparait à ouvrir à Berlin un «Institut international olympique».

Pierre de Coubertin, qui avait 73 ans au moment des JO de Berlin en 1936, ne s'y est pas rendu. «On ne sait pas pourquoi. Les Jeux de Berlin sont pourtant l'acmé de ce qu'il voulait faire», relève l'auteur de cette biographie critique. Lors de la cérémonie d'inauguration, à défaut d'avoir le Français dans le stade, les organisateurs diffusent sa voix dans les hauts-parleurs.

«Des points communs»

Pierre de Coubertin reste connu pour ses opinions très conservatrices. Il refusait la professionnalisation du sport, ainsi que sa féminisation, et croyait à l'«essence supérieure» de «la race blanche».

«Je ne pense pas qu'il ait épousé l'idéologie nazie d'éradication des ennemis de la race aryenne», souligne Aymeric Mantoux. «Mais entre sa vision et celle du Troisième Reich, on retrouve des points communs, autour de la volonté de redynamiser une Nation par le sport».

Pierre de Coubertin, qui devrait intégrer le musée Grévin à Paris en juillet, est par ailleurs peu mis en avant dans la communication des organisateurs des JO de Paris (26 juillet-11 août).